Derniers jours : L'exposition Georges Braque au Musée-bibliothèque Pierre André Benoît touche à sa fin
Musée-bibliothèque Pierre André Benoît
Du 13 juillet au 29 octobre 2023
Le nom de Georges Braque cache-t-il la plus grande injustice du XXe siècle ? Si la paternité du cubisme revient naturellement à Pablo Picasso avec ses sulfureuses Demoiselles d’Avignon, l’origine du mouvement ne vient-il pas d’une réflexion d’Henri Matisse devant Maisons à l’Estaque qu’il compare alors à de « petits cubes » de couleur, agencés les uns avec les autres ? Hélas plus discret que son acolyte espagnol dans nos musées, Georges Braque sort une nouvelle fois de l’ombre écrasante du Minotaure à l’occasion de cette jolie exposition au cœur des Cévennes. Soixante ans après sa disparition, cette douce monographie célèbre l’œuvre graphique d’un artiste solitaire qui, malgré sa timidité, a su tisser des amitiés sincères dans l’Histoire de l’art, à l’image de celle formée avec Pierre André Benoît. Entre 1950 et 1961, les deux hommes liés par un profond respect ponctué de conversations d’atelier entretiennent une riche correspondance artistique et littéraire. À 70 ans, Braque est alors au sommet de sa gloire, PAB n’a pas 30 ans. Qu’à cela ne tienne, le peintre et l’éditeur s’apprivoisent et réalisent ensemble 22 livres illustrés sur sa vie, son univers. Et quel héritage ! En s’attardant sur ses œuvres sur papier, ses dessins au fusain et ses estampes, l’exposition prend de la hauteur sur le processus créatif d’un artiste à la fois influent et influencé, auteur d’une œuvre patiente et continue, indissociable de sa peinture. Dans ses pointes-sèches, ses lithographies et ses cartalégraphies dont Pierre André Benoît a soufflé l’idée à Braque, point de rupture. L’artiste ne se caractérise pas ici par sa radicalité, mais par sa poésie pour réconcilier les êtres et les choses, le visible et l’invisible. En témoignent ses gravures sur bois illustrant la comédie lyrique d’Erik Satie, Le Piège de Méduse, ou les 16 eaux-fortes réalisées à la demande du marchand Ambroise Vollard pour la Théogonie d’Hésiode. Au-delà de ses pièces maîtresses inestimables, l’exposition réunit près de 200 trésors sur papier faisant l’inventaire d’une œuvre graphique harmonieuse traversée par les mythes et portant l’empreinte du geste de l'inconscient. Un univers en proie aux métamorphoses, entre inachèvement et infinité...
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Focus sur...
Mariette dans l’atelier
Du jaune, du noir, du bleu et cet oiseau qui virevolte dans le ciel. Gage de l’amitié entre Georges Braque et Pierre André Benoît, cette lithographie signée par le maître cubiste témoigne de l’affection sincère entre les deux hommes. Le motif ailé dans l’œuvre du peintre fait, quant à lui, encore débat. Manifestation du divin pour PAB, lointain hommage à Van Gogh pour Braque : les oiseaux envahissent les toiles dupeintre, des années 50 jusqu’à sa disparition en 1963.
MUSÉE-BIBLIOTHÈQUE PIERRE ANDRÉ BENOÎT
Du 13 juillet au 29 octobre 2023
52 montée des Lauriers, 30100 Alès