Le pillage du siècle : plus de 27 000 pièces retrouvées chez un voleur français
C'est après une enquête de plus d'un an en collaboration avec la DRAC (Direction régionale des affaires culturelles) que la douane a réalisé cette saisie record de plus de 27 400 pièces formant un trésor inestimable amassé pendant des années par un pilleur du Grand Est. Originaires de toutes époques, celles-ci sont souvent d'une très grande valeur, comme un dodécamètre romain dont il n'existe que quelques exemplaires dans le monde. Pour Bruno Le Maire, ministre de l'économie, cette saisie se veut comme « message clair adressé à ceux qui, pour le profit et le plaisir égoïste de quelques-uns, nous privent de notre patrimoine commun et effacent des pans entiers de notre histoire ». Roselyne Bachelot a également réagi dans un communiqué, affirmant que cette découverte « illustre une nouvelle fois la qualité de la collaboration entre les services du ministère de la culture et ceux de la direction nationale du renseignement et des enquêtes douanières, ainsi que l'importance de la coopération européenne face à une activité criminelle qui ne connaît pas les frontières. Le ministère de la culture est pleinement mobilisé, en lien avec l'ensemble des ministères concernés, dans la lutte contre les différentes atteintes au patrimoine culturel, au niveau national comme international. Pillages et trafics provoquent des pertes souvent irrémédiables à ce bien commun qu'est notre patrimoine archéologique. ».
Le pilleur, un Français érudit originaire de la région Grand Est, utilisait un détecteur de métaux pour amasser pendant des années cette exceptionnelle collection à des fins personnelle et mercantiles. Il avait attiré l'attention des autorités en 2019 après avoir affirmé qu'il avait fortuitement trouvé plus de 14 000 pièces de monnaie romaine sur un terrain dont il était propriétaire en Belgique. Les experts, doutant de l’authenticité de cette découverte, avaient alors saisi la DNRED française (direction nationale du renseignement et des enquêtes douanières), organisation luttant contre le trafic de biens culturels. Le dossier sera prochainement conduit en justice française.
Cette affaire est cependant loin d'être un cas isolé. Le 23 janvier 2020, Franck Riester, alors ministre de la Culture, se félicitait du jugement prononcé par le Tribunal judiciaire de Carpentras suite à la plainte de la DRAC de Provence-Alpes-Côte d'Azur du 30 juin 2017 contre un numismate collectionneur. Celui-ci avait été reconnu coupable de détention de bien culturel sans justificatif, recel et non tenue du livre de police et condamné à 5 000 € d'amende pénale, à la confiscation des 1 275 objets saisis et à 201 355 € d'amende douanière. Le trésor illégal regroupait alors seulement 1279 objets mobiliers archéologiques datant des époques protohistorique, antique, médiévale et moderne (monnaies en métaux précieux, bijoux, amphores, etc.) pour une valeur marchande globale de 284 520 €. « Les juges ont clairement signifié qu’en matière de trafic et de recel de biens culturels archéologiques provenant de fouilles archéologiques non autorisées et de découvertes fortuites non déclarées aucune forme d’indulgence n’est envisageable. Les pilleurs et trafiquants de biens archéologiques font peser une menace grave sur le patrimoine. Leurs actions constituent des atteintes au bien commun ainsi qu’une perte irrémédiable pour la recherche et sa valorisation. » affirmait alors l'ancien ministre de la Culture.