Exposition Algérie mon Amour : les artistes de la fraternité réunis à l'Institut du monde arabe
Institut du Monde Arabe
Du 18 mars au 31 juillet 2022
Il est des histoires d’amour qui commencent par un simple regard. C’est le cas de cette exposition, véritable cri du cœur des artistes pour l’Algérie. Le musée de l’Institut du Monde met en lumière une collection exceptionnelle, unique dans le monde occidental, réunie par le couple de collectionneurs et mécènes Claude et France Lemand. Trois générations d’artistes se racontent ici dans un accrochage en miroir qui fait dialoguer les plus grands chefs-d’œuvre de la modernité algérienne avec des créations contemporaines audacieuses, illuminant les cimaises aux couleurs de la terre, aride et ocre. Une déclaration d’amour des artistes à leur pays, parfois tendre, parfois cinglante, émouvante toujours. 36 œuvres, 36 histoires, et autant de destinées extraordinaires d’artistes qui ont su dépasser la tragédie, dans un élan créatif vital porté par leur amour profond de la liberté. Des femmes et des hommes qui se servent de leur art comme arme ultime contre la violence et l’oubli. Comme avec cette peinture symphonique de Baya, une artiste surdouée, repérée à l’âge de 16 ans à peine par l’illustre Aimé Maeght, celui-là même qui avait su découvrir Miro ou Chagall… Et si au-début nous cédons à l’appel irrésistible de ces œuvres d’une beauté rare, la contemplation de ce magnifique bouquet de cultures et de ses constellations de couleurs laisse vite place au questionnement. Quelle est donc l’histoire de cet artiste qui crie sa détresse avec sa main du secours tendue vers le ciel ? A qui s’adresse cette femme au regard perçant et aux lèvres écarlates, comme recouverte de cendres, qui semble crier en silence ? Ce sang qui borde les contours morcelés de deux corps enlacés est-il celui de la passion charnelle ou de la souffrance ? Qui sont ces silhouettes féminines fantomatiques qui errent entre deux mondes, signées par Abdallah Benanteur, l’un des fondateurs de la peinture algérienne ? Tel un impressionniste contemporain, l’artiste puise sa lumière d’ici et d’ailleurs, mêlant le soleil de sa Méditerranée natale à l’atmosphère iodée et sauvage de sa Bretagne d’adoption ici à Pont Aven. Face à lui, l’intrépide El Meya, cette jeune artiste de 33 ans, qui ose défier le mythe de l’émir Abdelkader, en grossissant à l’extrême les traits d’une icône intouchable. Chaque regardant (pour reprendre l’expression du poète Jean Sénac) pourra ressentir ces œuvres à travers sa propre subjectivité. Verra t-on dans cette scène un généreux banquet dans un paradis d’abondance ou porterons-nous plutôt notre attention sur l’absence des sept moines qui partageaient ce repas ? A nous de décider si les portes aux couleurs obsédantes de Denis Martinez nous mènent vers l’ombre ou la lumière ? A nous de déchiffrer les mosaïques de graffitis sublimement calligraphiées de Ben Bella dont la véritable clé de lecture est celle du cœur. Une déclaration d’amour artistique bouleversante en cette année anniversaire qui célèbre les 60 ans de l’indépendance de l’Algérie.
« L’Algérie n’est pas seulement un pays, mais un beau sentiment ». Cette citation, populaire dans la cité bien-gardée, autre nom donné à Alger, résume peut-être à elle seule l’âme de cette exposition. Dans son écrin parisien, l’Institut du monde arabe a convié trois générations d’artistes, nés entre 1918 et 1988, à venir témoigner de la relation intime et privilégiée nouée avec leur terre natale. Pour chacun d’entre eux, l’Algérie coule dans leurs veines, si bien que, même exilés, ils continuent de croire et de chérir les terres arides des Berbères. Un lien unique, aujourd’hui célébré dans l’institution parisienne qui fait le choix de réunir les univers de dix-huit artistes algériens de cœur, de naissance ou d’adoption, autour de leur attachement à ce pays. Une déclaration d’amour artistique bouleversante, riche d’innombrables œuvres d’art (peintures, sculptures, photographies, vidéos et installations). L’exposition placée sous les couleurs de l’Algérie abrite ainsi des œuvres somptueuses des plus grands représentants de la peinture algérienne moderne passés par Paris, tels Guermaz, Issiakhem, Khadda, Baya et Benanteur mais aussi des créations contemporaines audacieuses et colorées de la nouvelle génération d’artistes algériens incarnée ici par l’insoumise Zoulikha Bouabdellah ou la toute jeune El Meya.
Focus sur... Les Femmes d'Alger.
Souhila Bel Bahar disait de lui qu’il était son maître. L’artiste peintre, née en 1934, réinterprète ici un des chefs-d’œuvre absolus d’Eugène Delacroix : Les Femmes d’Alger. Nombreux sont ceux qui s’y sont pourtant frottés. Picasso lui-même développa une fascination pour la toile orientaliste, objet de tous les fantasmes depuis sa présentation au Salon de 1834. Entre 1958 et 2016, Souhila Bel Bahar signe neuf versions des Femmes d’Alger, opérant de multiples variations autour de ce motif atemporel. Ici l’Algérienne épouse la sophistication du maître romantique dans un dessin lumineux et coloré.
Autour de l'expo
Pour accompagner cette touchante exposition, véritable témoignage de l’amour que portent les artistes à l’Algérie, l’Institut du monde arabe vous accueille chaque dimanche pour un cycle de 8 conférences, intitulées « Les dimanches de l’Algérie », dédiées aux différents artistes exposés. Ainsi, Halida Boughriet, Kamel Yahiaoui, Rachid Koraïchi, et Denis Martinez vous feront tour à tour l’honneur de leur présence pour évoquer leur travail, et surtout parler du lien immuable tissé entre l’Algérie et eux.
- Dimanche 5 juin : Rachid Koraïchi, Jardin d'Afrique, en présence de l’artiste
- Dimanche 3 juillet : Denis Martinez. Un destin algérien , en présence de l’artiste
Tentez de gagner votre place pour cette exposition lors de notre événement La Grande cueillette de la culture le 3 juillet au Palais Royal. Plus d'informations sur l'association Culture and the City ici.
Plus de détails sur la conférence du 5 juin :
La conférence du dimanche 5 juin, consacrée au Jardin d’Afrique de Rachid Koraïchi, se tiendra dans deux espaces de l’IMA, en présence de l’artiste, de 17h à 19h. Tarif unique 6€. Réservation obligatoire.
- 17h à 17h 30. Salle du Haut Conseil. Un concert, en hommage au Jardin d’Afrique. Le collectif instrumental “Les Illuminations”, dirigé par Aurélie Allexandre d’Albronn et le compositeur Benjamin Attahir, jettent un autre regard sur Le Jardin d’Afrique de Rachid Koraïchi : une pièce pour trois violoncelles et une voix de femme, écrite sur un extrait de "Le Jardin d’Afrique, Lieu dit pour un non dit", à paraître en décembre 2022.
- 17h40 à 19h. Espace des Donateurs. Présentation de photos du Jardin d’Afrique sur grand écran et échange entre l’artiste et le public.
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