Une artiste rom dans le siècle, Ceija Stojka
La Maison Rouge
Du 23 février au 20 mai 2018
Jusqu'au 20 mai 2018 -
La Maison Rouge //
Souvenirs d’une peintre Rom déportée
Ceija Stojka fait partie de ces miraculées que la vie a – durement - épargnées. Née Rom, elle est déportée à l’âge de 10 ans et survivra à trois camps de concentration, Auschwitz, Ravensbrück et Bergen-Belsen. Deux ans d’emprisonnement dans des conditions inimaginables, qui se traduiront par 40 ans de silence. Mais à l’âge de 55 ans, Ceija (prononcer Tchaïa) décide de briser ce silence, devenu trop pesant. Bien que considérée comme analphabète, elle se fera aider pour rédiger plusieurs ouvrages poignants et témoigner de son passé, pour lutter contre le racisme, le déni et l’oubli. Elle sera la première femme tzigane rescapée des camps de la mort, à témoigner du génocide. Mais à un moment, les mots lui manqueront. Comment réussir à exprimer l’indicible ? Ceija saisit une feuille et un crayon, et se livrera comme personne n’a réussi à le faire avant elle. Elle peindra pendant 20 ans, frénétiquement, tous les jours, créant plus d’un millier de pièces. Deux atmosphères s’opposent dans ses œuvres, d’une part l’horreur des années de guerre, sordidement détaillées, et d’autre part, une vie idyllique, en pleine nature, à la palette chatoyante qui ravive le bonheur de ses premières années en famille. Leur point commun, une touche tourmentée et le traité presque naïf de ses visions terrifiantes, livrées avec le regard d’un enfant : cadavres amoncelés, chiens surdimensionnés, soldats si grands qu’on n’en voit que les bottes… Le point de vue d’une fillette de 10 ans qui témoigne en criant. Bouleversant.
Le Saviez-vous ? La signature de l’artiste, un petit rameau feuillu, est une référence au jeune marronnier dont elle mangeait les feuilles dans le camp de Bergen-Belsen, l’empêchant mourir de faim ?
Ceija Stojka’s work offers an impressive artistic narrative of the persecution and genocide of the Roma and Sinti under the Nazis. She was deported to Auschwitz with a large portion of her family at 10 years old as a member of the Lovara community.