Après les vagues, les nuages, le soleil… Le MuMA récidive cet été avec une exposition mettant en scène un élément vital de notre belle planète, le vent. « Cela qui ne peut être peint »… Cette force invisible et indomptable, cet élément aussi familier qu’insaisissable, qu’il se nomme zéphyr ou alizé, le vent est omniprésent dans l’Histoire de l’art depuis l’Antiquité. Un sujet artistique qui ne s’essouffle pas, passionnant les artistes jusqu’à aujourd’hui, par le défi qu’il incarne pour reproduire la douceur d’une brise, la puissance d’une bourrasque ou la violence d’une tempête. Alors, comment donner forme à l’invisible ? Affrontant à son tour vents et marées, le MuMA orchestre une fabuleuse exposition revenant sur les traces de ce météore, élément naturel, insaisissable par essence. 170 chefs-d’œuvre signées des plus grands nous sont ici présentés dans une flamboyante relecture de l’Histoire de l’art. D’un châtiment empreint de la colère divine à la douce caresse de l’herbe de nos campagnes, le vent arbore bien des visages, figuré tantôt sous les traits d’une divinité, s’effaçant derrière l’inclinaison d’un arbre, l’agitation des vagues ou l’envol d’un pétale. Nous plongeons dans les gravures de Dürer, avec ces anges retenant les quatre vents, découvrons les impressionnantes eaux-fortes de Goya, puis traversons les mers jusqu’au Japon pour admirer les estampes d’Hokusaï, Hiroshige qui fait s’envoler les lampions face au mont Edo, ou Harunobu qui s’amuse d’un coup de vent sur le petit linge. Au fil de notre déambulation, nous nous laissons porter par le tourbillon des marines de Turner avant d’être submergé par les dessins à la plume de Victor Hugo nous embarquant sur de frêles barques aspirées par une mer enflammée.  Du côté des peintres, le vent prend vie de manière paisible chez Renoir ou Monet qui nous offrent des paysages caressés par le vent, les rafales s’emballent chez Dufy dans une valse enivrante, tandis que les nuages s’accumulent chez Boudin, annonçant à eux seuls un changement de temps… Chaque tableau nous raconte une histoire, perturbant les acteurs par un souffle imprévu qui viendrait perturber des plans bien établis comme ici avec cette sublime scène balnéaire de Denis Etcheverry. Le cinéma n’est pas en reste, surjouant à outrance les effets du vent, qui pour la première fois dans l’histoire des arts va pouvoir se raconter en mouvement… Du côté des artistes contemporains, la tâche est plus ardue. Il ne s’agit plus seulement de figurer le vent, mais d’encapsuler son mouvement dans des images statiques, un exercice fascinant remarquablement réussi Bernard Moninot avec ses délicates boites de fumée gravées par les mouvements du vent ou par les œuvres composites de Jacqueline Salmon, qui désoriente nos repères de son souffle artistique. Un panorama vivant restituant le pouvoir poétique de ce météore évanescent, que l’on peut contempler ici à l’infini, face au port du Havre. Léonard de Vinci affirmait que l’on pouvait seulement peindre le vent à travers ses effets ; nous pouvons désormais affirmer que la magie des maîtres tient avant tout à leur manière d’immortaliser dans leurs œuvres, toute l’émotion d’un instant où tout peut s’envoler. 

Donner forme à l’invisible. Tel est le défi lancé par le vent aux Hommes. Depuis l’Antiquité, artistes, peintres et sculpteurs ont redoublé d’efforts et d’ingéniosité pour reproduire dans les arts la douceur d’une brise, la puissance d’une bourrasque ou la violence d’une tempête. Comment ont-ils pu restituer la puissance d’un courant d’air ? Son souffle et ses colères ? Affrontant à son tour vents et marées, le MuMA orchestre aujourd’hui une fabuleuse exposition revenant sur les traces de ce météore, élément naturel, insaisissable par essence.

L’institution dévoile à cette occasion 170 œuvres,peintures, dessins, estampes, photographies et vidéos datant de l’Antiquité à nos jours car il faut en effet attendre l’invention du cinéma, seul support artistique capable de capter le mouvement dans sa durée, pour que le vent ne soit plus simplement suggéré par une image fixe. Le musée remonte ainsi le cours de l’Histoire,s’attardant sur des chefs-d’œuvre de Dürer, Monet, Dufy ou Vlaminck. Sous leurs pinceaux, le vent arbore bien des visages, figuré tantôt sous les traits d’une divinité ou derrière la figure mythologique de Zéphyr. Bientôt celui-ci s’efface n’étant plus que simplement évoqué par l’inclinaison d’un arbre, l’agitation des vagues ou par ses effets dévastateurs sur son environnement. Le vent s’éprouve désormais dans la peinture et les estampes japonaises, à grands coups de portes qui claquent, de cheveux ébouriffés et de nature déchaînée. Un panorama vivant restituant le pouvoir poétique de ce météore évanescent.

Le peintre des rois François Gérard, célèbre portraitiste sous la cour de Louis XVIII et Charles X, délaisse ici son sujet de prédilection pour la liberté de l’allégorie. Cet ancien élève de Jacques-Louis David représente Flore, déesse des fleurs, dans un rapport charnel avec Zéphyr, le messager du printemps. Caressée par le vent, la jeune nymphe aux formes sensuelles avance impudique à la surface du globe terrestre, sous un voile transparent. Cette brume légère tournant tout autour d’elle représente son  amant dans une étreinte passionnée. De leurs caresses innocentes naissent alors des fleurs en cascade... Réalisée en 1802, la toile appartient au courant dit anacréontique, avatar du néoclassicisme davidien et annonciateur du romantisme. Le peintre offrira le tableau, condensé d’érotisme diffus, à son amie Madame de Fourcroy pour son remariage. Un présent audacieux laissant entrevoir l’assurance de l’artiste qui compte alors parmi les plus respectés de son temps.

MUSÉE D’ART MODERNE ANDRÉ-MALRAUX (MUMA)
Jusqu’au 2 octobre 2022
2 boulevard Clémenceau, 76600 Le Havre