Ce que deviennent les œuvres de la FIAC [2/4]
Si la plupart des œuvres d’art contemporain trouvent une famille d’accueil à l’issue de la FIAC - exposées sur les cimaises d’une fondation prestigieuse ou sur les murs d’un particulier ou encore mises à l’abri dans un coffre-fort -d’autres connaissent un destin bien différent : invendues (32% en 2016), itinérantes, abîmées, reconverties, consommées, jetées par inadvertance…
Deuxième épisode de notre série consacrée aux destins exceptionnels des œuvres de la FIAC : le déjeuner éphémère de Pierre Gagnaire pour la FIAC 2012.
2. Les œuvres consommées
L’art de la gastronomie
L’art contemporain serait aussi dans l’assiette ! C’est ce que s’amuse à défendre le chef triplement étoilé Pierre Gagnaire : « La cuisine comme l’art permettent d’exprimer un sentiment, une singularité de l’esprit qui me plaît et me parle. […] J’ai eu un besoin absolu de mettre de la beauté dans mes assiettes pour donner du sens à mon travail. » Guidé par ces idées, il concocte en 2012 un déjeuner éphémère en hommage à ses artistes préférés.
Le « Navet Buren » ouvre le menu : pulpe de navet garnie d’une eau de tomate au vinaigre de riz ou d’encre de seiche agrémentée de céleris, de lait, de pectine et de gélatine, cette préparation en bandelettes est un clin d’œil à un artiste que Pierre Gagnaire qualifie d’« étonnant, rigoureux, doux et tenace ». Puis la « Côte de veau Douanier Rousseau », enchevêtrement de légumes racines, d’herbes et de feuilles pour accompagner du veau, du cochon et des langoustines, reproduit le cache-cache dans la jungle du Douanier Rousseau. Enfin le « Dessert Twombly », meringue ultra légère nappée d’un coulis de fruits (tomates crues infusées au sirop de ginseng et poivrons verts) célèbre le trait spontané et la griffure délicatement désordonnée de Cy Twombly. Un menu à savourer uniquement le temps de la FIAC 2012. À défaut de pouvoir la goûter, on vous laisse contempler l’œuvre d’art disparue !