Ce que deviennent les œuvres de la FIAC [3/4]
Si la plupart des œuvres d’art contemporain trouvent une famille d’accueil à l’issue de la FIAC - exposées sur les cimaises d’une fondation prestigieuse ou sur les murs d’un particulier ou encore mises à l’abri dans un coffre-fort -d’autres connaissent un destin bien différent : invendues (32% en 2016), itinérantes, abîmées, reconverties, consommées, jetées par inadvertance…
Troisième épisode de notre série consacrée aux destins exceptionnels des œuvres de la FIAC : le vol de Vacanze Romane (2013) de Moataz Nasr une semaine avant l'ouverture de la FIAC 2014.
3. Les œuvres dérobées
Moataz Nasr, Vacanze Romane, 2013
Une mystérieuse disparition
Une semaine avant l’ouverture de la FIAC 2014, Vacanze Romane est dérobée à la Galleria Continua de Boissy-le-Châtel où elle est présentée depuis plusieurs mois. L’emplacement qui lui est dédié au Jardin des Tuileries dans le cadre du Hors les Murs restera donc vide. Un larcin d’une valeur de 150 000 € qui n’est pas sans faire écho au message du plasticien égyptien Moataz Nasr.
Structure autoportante composée de huit Vespa blanches démotorisées s’imbriquant en octogone, Vacanze Romane explore l’universalité de symboles locaux : les Vespa Piaggio sont devenues à travers le cinéma et la publicité le symbole de la jeunesse et de l’insouciance. Leur imbrication dénonce pourtant la consommation de masse et l’isolement des individus : elles ne peuvent se déplacer que si elles se mettent en route simultanément, suggérant la manière dont la compatibilité et la cohérence des actions collectives dépendent de la responsabilité de l’individu. Cette image d’un monde fragmenté n’empêche pas d’initier un dialogue des cultures avec la symbolique du chiffre huit, prégnante dans la culture chrétienne, la culture islamique et dans l’architecture toscane.
Preuve que les voleurs n’en voulaient pas à l’œuvre, quatre des huit scooters qui composaient l’œuvre ont été retrouvés dans un champ à quelques kilomètres la semaine du larcin. Et puisque l’exposition Ciao Italia ! au Musée national de l’histoire de l’immigration l’a mise à l’honneur de mars à septembre 2017, on en déduit que les quatre autres Vespa ont été récupérées ou remplacées. Une disparition qui reste bien mystérieuse !