Sète - Anne-Lise Coste, la vie en rose / Tu m'accompagneras à la plage ? V.Schlegel
Crac Occitanie
Du 22 juin au 29 septembre 2019
Cet été, le CRAC Occitanie de Sète voit double avec deux expositions. La première est signée Anne-Lise Coste qui nous invite dans son monde rose bonbon, enfin ça c’est dans le titre… Mais rien avec elle n’est ni blanc ni rose…L’artiste envoie valser tous les codes, elle pulvérise les frontières entre les styles, les techniques et les sujets. On ne s’étonnera donc pas de croiser des fleurs dialoguer avec des crânes, d’observer des portraits répondre à des formes géométriques sur fond d’un Guernica revisité de manière pour le moins décomplexée… L’artiste réconcilie avec brio le graffiti et l’art du paysage, réussit l’improbable association des traditionnelles vanités avec l’abstraction radicale, confond les mots et les images. Elle mêle les sujets politiques et intimes, marie le dessin à la sculpture, guidée par son instinct et son sens de l’improvisation, suivant frénétiquement ses pulsions créatives et son besoin intarissable de liberté. Un accrochage évidemment tout sauf linéaire, à l’image du travail de l’artiste, abondant, cumulatif, échappant à toute catégorisation, qui retrace en plus d’une centaine d’œuvres 20 années d’une création foisonnante.
Le CRAC voit double disions-nous, et nous emmène aussi à la plage… avec un vibrant hommage à Valentine Schlegel. Née à Sète en 1925, l’artiste n’a jamais cessé d’être inspirée par sa ville natale, qu’il s’agisse des paysages, du port, des pêcheurs, de l’art de vivre sétois. Un tapis fait en roseaux sauvages, un meuble construit avec une charpentière marine, des maquettes de ses cheminées en plâtre, sa collection de couteaux, un vase en céramique brute... Ses œuvres réveillent l’âme de sa ville chérie. Sur les murs, des peintures et des silhouettes de costumes de théâtre, ceux qu’elle réalisa pour les premiers festivals d’Avignon, quand elle était costumière. Une exposition ensoleillée qui nous plonge dans un art du cœur, né ici, à Sète.
Dessin ou peinture ? Nul ne pourra le savoir, et c’est bien l’objectif de cette artiste, qui déhiérarchise avec bonheur les codes, les genres et les convenances de toutes les techniques. Si on connaît Anne-Lise Coste plus particulièrement pour ses peintures à l’aérographe, on découvre ici ses dessins au crayon, gouaches, lithogravures, fresques murales, ses encres sur papier, sur des pages de carnets ou des toiles monumentales. Déambuler dans son œuvre prolifique, c’est faire l’expérience de croiser tour à tour des fleurs, des portraits, des architectures, des textes, des crânes, des pubis, aussi bien que la reprise décomplexée de Guernica. En effet, l’instinct est de mise chez Anne-Lise Coste, qui fonctionne avec cette énergie incontrôlable d’une liberté sans entrave. Ses sujets sont intimes, parfois politiques ou les deux à la fois. Ils sont traversés par la colère, la rage et l’inquiétude, autant que par l’amour, l’amitié, le désir et la sexualité. Un sentiment d’urgence s’empare de nous, et semble s’animer sous nos yeux : sûrement parce qu’Anne-Lise Coste a toujours su conserver ce qu’il y a de plus précieux chez un artiste : la volonté de dire tant par l’image que par l’écriture de nouvelles possibilités d’envisager le monde.