Une statue de sainte Marie-Madeleine jugée indécente vandalisée
Le week-end du 15 août, une statue de sainte Marie-Madeleine, située dans la chapelle du Saint-Pilon à Riboux (Var), a été la cible d'un acte de vandalisme. Des casseurs se sont introduits dans l'édifice, situé à proximité de la Sainte-Baume, haut-lieu spirituel pour les catholiques depuis l'Antiquité puisque sa grotte aurait abrité la sainte repentie à la fin de sa vie. La nudité de la sainte, pourtant seulement suggérée car voilée par sa longue chevelure, a en effet été jugée scandaleuse par les malfrats, qui l'ont violemment réduite en morceaux, prenant toutefois la peine de laisser un mot, quoiqu'injurieux, justifiant leur acte destructeur. Ils ont ainsi « brisé la statue, l'ont mise sur le côté et ont laissé un mot disant qu'ils n’acceptaient pas qu'une grande sainte comme sainte Marie-Madeleine soit représentée de telle manière. Je ne sais plus ce qu'ils ont utilisé comme mot, c'était indécent ou offensant », explique le Frère Patrick-Marie Bozo, prieur de la communauté des dominicains de la Sainte-Baume, dont dépend la chapelle du Saint-Pilon. « Cet acte de dégradation est inacceptable, ses motivations indignes ! Rien - absolument rien - ne justifie que l’on entre dans une chapelle pour y briser une statue. » s'indigne sur twitter Renaud Muselier, président du conseil régional de la région PACA. Installée il y a cinq ans lors de la rénovation de celle-ci, la statue de plâtre avait été disposée temporairement au-dessus de l'autel, en attendant sa version pérenne en marbre qui doit être livrée prochainement. La sculpture avait été bénie par l'évêque de Fréjus, Monseigneur Rey, lors de l'inauguration de la chapelle après sa restauration en 2015.
« L'homme et sa femme étaient tous deux nus, et ils n'en avaient point honte. » Gn 2,25
Cette sculpture moderniste peut en effet ne pas être du goût de tout le monde, loin s'en faut. Cependant, c'est avant tout d'un cruel manque de culture iconographique dont témoignent les malfaiteurs. Déjà car Marie-Madeleine, pour être dévêtue, n'est pas totalement nue puisque le drapé délicat de ses longs cheveux ne fait que souligner ses formes sans les dévoiler. Enfin car cette nudité est loin d'être la révélation fantasmée du corps d'une prétendue prostituée. Ce sont les siècles de glose biblique qui ont construit le personnage iconographique de la sainte, fruit de la fusion - voire de la confusion - entre plusieurs figures féminines néotestamentaires: la pécheresse qui oint des pieds du Christ, Marie, sœur de Lazare, chez qui Jésus vient se reposer à Béthanie et Marie de Magdala qui se tient avec la Vierge et saint Jean au pied de la Croix et qui devient le premier témoin de la Résurrection.
Cet acte barbare dit quelque chose de notre époque: le corps féminin est-il voué à n'être contemplé que comme un objet provocateur suscitant un désir incontrôlable et qu'il faudrait donc cacher sous d'épais tissus? L'extase mystique ne peut-il plus emprunter au langage humain, comme l'avait pourtant fait le Bernin avec son sublime Extase de sainte Thérèse? Serions-nous ainsi devenus plus conservateurs que nos aînés du XVIIe siècle? Un acte qui se dessine comme la scandaleuse réponse à un zèle mal-placé.