Une mise aux enchères des manuscrits originaux de Georges Brassens
Les amateurs de chanson française n’ont qu’à bien se tenir ! Le 22 septembre prochain, Artcurial organisera à Paris une vente aux enchères de 22 manuscrits originaux de Georges Brassens, provenant de la succession Fred Mella. Une exposition préalable permettra aux visiteurs de découvrir ces nombreuses pages inédites… de quoi s’émouvoir devant les ébauches de rimes et de notes d’un musicien qui n’a pas tant « Mauvaise Réputation ».
Des fragments poétiques
Pour la rentrée, on entendra fredonner le chanteur sétois sur les Champs-Elysées. Avec près de 150 pages de documents autographes où se mêlent recherches de vers, constructions de strophes et bribes de mélodies, le talent d’écriture de Georges Brassens se dévoile avec une grande émotion. On retrouve toute sa tendresse bougonne parmi les écrits de célèbres chansons comme Le Vieux Léon, Le Grand Chêne ou Le Blason, dans lesquelles se glissent une lettre de l’artiste ainsi qu’un dessin de Jean Cocteau.
Estimés entre 600 et 18 000€, ces manuscrits permettent avant tout de comprendre le processus créatif du chanteur en quête de récits sensibles et provocateurs sur les mœurs des petites gens. Un conteur qui rature, affine ou remodèle ses paroles pour rester fidèle à son ton libre et poétique, sous l’influence de Clément Marot, Paul Valéry ou Paul Fort. Des listes de mots d’un même champ lexical recouvrent les pages, tandis que certains fragments de texte sont gardés de côté. Tout un cheminement complexe qui lui prendra parfois quatre années avant d’être satisfait ! Et Brassens l’a très bien raconté lui-même lors d’une émission radiophonique : « Par exemple, je trouve trois vers qui me plaisent, il m’en faut un quatrième, et je ne le trouve pas. Ça me fait râler. Il me le faut absolument. Alors, pendant trois, quatre, cinq, six jours, j’y réfléchis, je ne trouve rien. Et je cherche. Puis je laisse tomber, j’attaque une autre chanson. Et puis, tout d’un coup, je disais “Bon Dieu ! si tu pouvais faire un alexandrin, là, au lieu d’un octosyllabe, tu pourrais la finir comme ça ta strophe.” Et du coup, je fous mon poème en l’air et je trouve quelque chose de mieux que mes trois vers... ».
Fred Mella, un copain musicien
Cet ensemble inédit provient de la famille de Fred Mella (1924-2019), ténor français et soliste des Compagnons de la Chanson. Ce groupe de chanteurs fondé en 1941 prend son envol dès la Libération en collaborant avec Edith Piaf. En poursuivant dans une carrière solo, Fred Mella se lie rapidement d’amitié avec les grands noms de la chanson française, tels que Charles Trenet, Charles Aznavour et Georges Brassens. Si bien que celui qui chantait « Les Copains d’abord » a donné certains de ses manuscrits au ténor qu’il considérait comme l’un de ses plus grands amis. Ainsi, un an après la mort de Mella, son fils Michel a décidé d’organiser cette vente pour dévoiler au public tout le trésor que renferment les ébauches des chansons de Brassens. Un bien bel hommage qui donne envie de faire tourner sa platine pour réentendre les mots de ce troubadour des temps modernes.
Vente aux enchères le mardi 22 septembre à 18h
Exposition du jeudi 17 au lundi 21 septembre 2020, de 11h à 18h
Artcurial - 7 rond-point des Champs-Elysées - 75008 Paris