Réouverture de l'Abbaye de Beaulieu-en-Rouergue : une plongée dans les années 1950
Abbaye de Beaulieu-en-Rouergue
Collection permanente
Et si vous profitiez d’une balade bucolique dans la vallée de la Seye pour savourer un délicieux tête-à-tête avec l’œuvre de Hans Hartung, Simon Hantaï, Victor Vasarely ou Jean Dubuffet ? Quelque part entre le Tarn et l’Aveyron, nichée dans un site naturel préservé, repose cette collection inestimable qui compte parmi ses rangs les noms des plus grands artistes de la seconde moitié du XXe siècle. Voilà plus de 40 ans que l’abbaye de Beaulieu-en-Rouergue constitue un merveilleux et surprenant centre d’art contemporain, riche de nombreux chefs-d’œuvre parmi les plus représentatifs des Trente Glorieuses. Les toiles de Maria Elena Vieira Da Silva dialoguent ici avec les œuvres du père de l’abstraction lyrique Georges Mathieu, avant de correspondre avec les éclatements métaphysiques de Judith Reigl. En tout, ce sont un peu plus de 160 chefs-d’œuvre emblématiques des tendances artistiques de l’Après-Guerre qui nous sont présentés dans les différentes cellules monastiques du logis abbatial. Et pourtant, rien ne prédestinait le prieuré à ce destin hors du commun. Abandonné à la Révolution, ce monastère cistercien fondé au XIIe par l’évêque de Rodez fut miraculeusement sauvé de la ruine dans les années 50 par le couple de collectionneurs Geneviève et Pierre Brache. Le Centre des Monuments nationaux a, depuis la disparition de Geneviève Brache en 2018, repris le flambeau en poursuivant leur projet : celui de faire de l’abbaye un lieu d’art incontournable de la région occitane. Articulé autour de 19 salles thématiques, le parcours muséal qui a fait l’objet d’une importante restauration ces derniers mois donne ainsi à comprendre la démarche des collectionneurs tout en restituant le contexte artistique effervescent de l’époque.
Focus sur...
Un Dubuffet dédicacé
Parfait exemple des explorations esthétiques de Dubuffet dans les années 60, ce précieux dessin s’inscrit naturellement dans la série de L’Hourloupe. Entre 1962 et 1974, l’artiste développe ce nouveau langage pictural, fait de cellules tantôt pleines, tantôt hachurées, dans un spectre coloré restreint composé de rouge et de bleu. Très vite, cette figure majeure de l’art contemporain va faire de ces alvéoles bariolées la signature de son univers visuel et plastique. Cette œuvre se distingue pourtant des autres puisqu’elle est dédicacée ! Le premier théoricien de l’Art brut a en effet laissé une note manuscrite sur laquelle on peut voir les noms de Geneviève et Pierre Brache.
ABBAYE DE BEAULIEU-EN-ROUERGUE
Collection permanente
Lieu-dit Beaulieu, 82330 Ginals