Elle crée des origamis en 3D hypnotisants
Polly Verity dessine avec les ombres et lumières. Son outil de création, ce n’est pas un feutre ou un pinceau, mais... directement le papier. Cette artiste du Pays de Galle forme des motifs et des visages juste en pliant une feuille.
Ainsi, Polly Verity, alias Polyscene sur Instagram, entreprend l’art séculaire de l’origami japonais pour créer des œuvres totalement novatrices. Elle n’utilise pas le papier pour créer des pliages en 2D, mais elle marque plus ou moins légèrement la feuille pour qu’elle devienne une sculpture en 3D, se révélant grâce aux ombres et aux lumières qui illuminent et assombrissent l’œuvre.
Ses travaux suivent les règles classiques de l’origami : pas de découpage, pas de colle, rien que des plis. Le résultat, une série follement sensuelle où elle sculpte obsessionnellement des bouches, qui semblent apparaître comme par hasard au milieu du papier froissé. Une autre de ses séries est particulièrement impressionnante : beaucoup plus géométrique, elle répète le même motif des dizaines, des centaines de fois, créant des modèles décoratifs qui peuvent se transformer en s’étendant, comme un accordéon.
Elle dépasse aussi la tradition en faisant intervenir la modélisation 3D dans son travail : si elle imagine les tracés à la main et ne les conçoit pas grâce à des formules mathématiques, mais plutôt en laissant cours à son imagination et en améliorant ses designs aux fils des erreurs, la seconde étape de son travail, pour ses travaux aux motifs kaléidoscopiques, consiste à transférer le motif des lignes sur un logiciel qui répétera précisément ce schéma en apposant sur le papier une très légère coupure marquant le pli.
Au-delà des traditions japonaises et des innovations numériques, les sources créatives de Polly Verity sont aussi dépendantes des designs du Bauhaus, dans les années 1920. Joseph Albers y enseignait un cours sur le papier, pour pousser ses étudiants à dépasser leur créativité dans la contrainte d’un médium en apparence limité. Mais son inspiration est aussi familiale : elle grandit dans une famille d’artistes, et son beau-grand-père est l’auteur de l’ouvrage « Your Book of Paperfolding », publié dans les années 60, qui inspira Polly Verity dès le jour où elle le reçut en cadeau à 8 ans. Elle reprend ainsi la création artistique familiale, en l’infusant des modèles de l’architecture, de la nature et du pop art.
En outre de ces paysages papiers, qui plongent l’artiste dans une forme de méditation lors de la création répétitive, elle réalise aussi des œuvres figuratives et réalistes, représentant des animaux fantastiques et des créatures mythologiques. Elle s’éloigne pour ces projets de l’origami : la base de son travail est des fils d’argent qu’elle plie de manière à former le squelette le plus simplifié possible de la créature représentée. Puis, elle le recouvre de papier de soie transparent, laissant toujours apercevoir la structure interne. Même lorsqu’elle se penche sur cette série bien différente du reste de ses créations, la délicatesse des motifs géométrique et les jeux de lumière jouant sur la sculpture demeurent centraux.