Hammershøi, le maître de la peinture danoise
Musée Jacquemart-André
Du 14 mars au 22 juillet 2019
Il est l’un des plus grands artistes danois que l’Histoire ait connu, et il n’avait pas été vu à Paris depuis plus de 20 ans. Il revient au Musée Jacquemart-André, il s’agit de Vilhelm Hammershøi, éminent peintre scandinave de la fin du XIXème siècle que l’on surnomme le peintre de la solitude.
« 50 nuances de gris » aurait pu être le titre de cette très belle exposition tant le maître excelle dans la maîtrise d’une palette réduite à une infinité de non-couleurs… Une atmosphère atone qui décline la gamme des gris et des blancs et confère à ses œuvres quelque chose de bien mystérieux, silencieux même. Une cinquantaine d’œuvres, figuratives et sans figures, lisses et captivantes par leur fascination du vide. On ressent l’influence de Vermeer, et les traces que ses peintures laisseront sur les œuvres de Hopper, l’autre peintre du vide moderne. Des intérieurs dépouillés, subtils, d’où s’élance une architecture verticale comme autant de lignes de construction, une géométrie presque obsessionnelle créée à partir d’un volet, d’une porte, d’une chaise ou d’un sofa. Pierre Curie disait d’ailleurs d’Hammershoi qu’il procédait par soustraction. A la limite de l'abstraction. Des décorations effectivement bien nues dans ces intérieurs danois d’une austérité sans égal, mais pourtant à chaque fois, une trace de vie apparait. Un rayon de lumière qui traverse une fenêtre, ou une femme, de dos, ne dévoilant qu’une nuque et un chignon. Ces personnages sont saisis dans un mutisme figé, absorbés dans leur propre intériorité, perdus dans leurs pensées. Nous, spectateurs, ne semblons pas avoir été invités à entrer dans ces espaces intimes, en tous cas personne ne nous voit, nous sommes invisibles, ils sont absents. Hammershoi a très peu parlé de lui, et encore moins de ses œuvres ; d’humeur taciturne et peu sociable, il évoluera toute sa vie dans un milieu intime restreint, aux côtés de sa famille proche et ses rares amis. Ses modèles sont sa mère, sa sœur, son frère ou Ida, son épouse. Même les paysages sont dénudés, désertés par la vie humaine, des étendues à perte de vue. Ici le temps semble suspendu, aucun indice temporel n’est laissé à notre regard, seule l’épure de la peinture compte, un bien bel éloge de la simplicité et du silence.
Empreintes d’une atmosphère profonde et mystérieuse, les œuvres d’Hammershøi fascinent autant qu’elles émeuvent : il est impossible de rester insensible à ses jeunes femmes vues de dos. Elles sont l’illustration même du caractère peu sociable et taciturne de l’artiste. Tantôt représentant sa femme, sa mère ou sa sœur, Hammershøi a passé sa vie à fréquenter le même cercle restreint. En posant un nouveau regard sur l’œuvre de ce peintre danois, l’exposition nous montre les liens de l’artiste avec sa famille, mais également ses relations avec les artistes qu’il a côtoyés tout au long de sa vie. Ses toiles sont mises en parallèle avec celles de son frère Svend ou de son ami Carl Holsøe ainsi que d’autres de ses amis peintres afin de mettre en lumière son caractère singulier. Il est, en quelque sorte, l’artiste de la solitude, du silence et de la lumière. Pour la première fois depuis 20 ans, ses œuvres sont toutes réunies à Paris : c’est l’occasion de découvrir son univers si particulier.
This Exhibition brings together for the first time in 20 years the paintings of this Danish artist. His poetic universe will not leave you indifferent.