Colosses, Lutteurs, culturistes et costauds dans les arts : une exposition à découvrir au Musée Courbet
Musée Courbet
Jusqu'au 13 octobre 2024
Lutteurs, culturistes et costauds
Petits gabarits s’abstenir ! Qu’il soit brutal chez Honoré Daumier, sensuel dans l'œuvre d’Aristide Maillol ou tout simplement enragé dans la monstrueuse bataille des dames échevelées de Jean Veber, le musée Courbet nous entraîne, à l’aube du XXe siècle, dans un fascinant corps-à-corps avec l’Homme moderne et ces géants au physique de titans. Prenez une grande inspiration, gonflez le torse et montez à votre tour sur le ring… Articulée autour de plus de deux cents peintures, sculptures, affiches et objets insolites à l’instar de l’imposant essieu dit d’Apollon (lourd de 166 kg tout de même !), cette exposition nerveuse voit ici les plus grands noms de l’Histoire de l’art se livrer un combat artistique sans merci. Une gigantesque mêlée durant laquelle Antoine Bourdelle dissèque à la plume et l’encre de Chine l’anatomie de jeunes pugilistes à la fleur de l’âge, tandis que Nadar raille dans de savoureuses caricatures ces nouveaux héros d’une société du spectacle en quête d’hommes forts et de divertissement. Ici, les colosses aux muscles saillants du maître du réalisme Gustave Courbet se heurtent volontiers au jeu d’équilibriste de Gustave Doré, quand la figure herculéenne d’Auguste Rodin dont la chair semble avoir été taillée à même le bronze, attend patiemment le début du match… Entre idéal antique et lutte contemporaine, culte du corps et rejet des canons esthétiques, cette exposition souligne la musculature de ces nouvelles icônes tout en interrogeant les stéréotypes de genre et en questionnant les codes de la virilité en peinture.
Le saviez-vous ?
Qui a dit que les artistes ne savaient pas se battre ? Paul Cézanne pratiquait la lutte, Yves Klein excellait dans le judo, tandis que Henri Matisse et Francis Bacon préféraient quant à eux travailler leur crochet directement sur un ring de boxe.
Focus sur… Les voleurs et l’âne
Pour un âne enlevé, deux voleurs se battaient… L’un, cloué sur le sol, le visage hagard déformé par la douleur, l’autre poings fermés, prêt à asséner un coup fatal à sa victime. Dans cette éprouvante huile sur toile, Honoré Daumier illustre avec ardeur une fable de Jean de La Fontaine, immortalisant la lutte violente et acharnée entre deux bandits qui, trop occupés par leur querelle, ne semblent pas remarquer la fuite d’un troisième voleur noyé dans la pénombre. Fruit d’un mélange entre Michel-Ange et Goya selon les mots de Delacroix, le caricaturiste parvient ici à restituer l’intensité du combat par un enchevêtrement de corps lourds et de masses informes.
MUSÉE COURBET
Jusqu'au 13 octobre 2024
1 place Robert Fernier
25290 Ornans