Exposition Diane Victor, Les Métamorphoses transforment la Galerie Larock-Granoff
Galerie Larock-Granoff
Du 14 mars au 5 avril 2025
Dans la brume noire de ses œuvres, Diane Victor esquisse un monde en équilibre fragile, dans lequel l’ombre et la lumière se disputent la mémoire des corps et des esprits. La Galerie Larock-Granoff accueille cette figure majeure du dessin contemporain pour une exposition qui fait de la matière un territoire de métamorphose. Depuis plus de trente ans, l’artiste sud-africaine a fait du trait un champ de bataille. À travers des compositions d’une complexité saisissante, elle ausculte les failles d’un monde en tension : inégalités, violences systémiques, corruption. Un art sans concession, qui trouve sa force dans l’imbrication du politique et du poétique. Diane Victor dissèque, déconstruit, expose la brutalité sous-jacente à l’ordre établi. Sa critique sociale, parfois teintée d’un humour noir acéré, convoque aussi bien l’imagerie de la Renaissance que les mythes africains pour mieux interroger notre époque.
Une technique de l’évanescence
La poussière du charbon, la fumée d’une bougie, la noirceur d’un fusain : exit les pinceaux et la couleur, Diane Victor privilégie les mediums de la précarité pour mieux servir son message. Une image prête à disparaître, une mémoire volatile. Née à Witbank, ville minière rongée par les particules de suie, elle a puisé dans cet environnement un langage plastique unique. Dans ses dessins, les silhouettes semblent émerger d’un souffle évanescent avant de se dissoudre, comme si le papier en conservait à peine l’empreinte. La suie, manipulée avec une maîtrise vertigineuse, confère à ses figures une aura spectrale saisissante, nous interrogeant sur la véracité de l’image. S’agit-il d’un portrait, d’un souvenir, d’une ombre ?
Ici Diane Victor pousse encore plus loin cette réflexion sur les identités mouvantes. Le bestiaire qu’elle déploie révèle un glissement constant entre l’humain et l’animal, questionnant la frontière trouble entre domination et soumission. La thérianthropie – cette capacité à se transformer en bête – est au cœur de son exploration graphique. Comme dans les récits antiques dans lesquels les dieux choisissent de punir ou d’élever par la mutation, l’artiste y voit une métaphore sociale et psychologique. Qui sommes-nous, sinon des créatures en perpétuelle métamorphose, façonnées par nos luttes et nos contradictions ? Avec ses Métamorphoses, Diane Victor nous entraîne dans un monde qui inverse les rôles… faisant de la figure humaine une empreinte fulgurante et éphémère qui se dissout dans le noir, une trace viscérale dans laquelle chaque dessin semble nous regarder disparaître.
GALERIE LAROCK-GRANOFF
Du 14 mars au 5 avril 2025
13 quai de Conti, 75006 - M° Saint-Michel (4)
Du mer. au sam. 10h30-19h30, fermé dim., lun. et mar.
Entrée libre