Niki de Saint Phalle, la liberté à tout prix, une exposition engagée au Musée du Touquet
Musée du Touquet
Du 19 mai au 5 septembre 2021
Elles sont rondes, vives, charmantes. Leurs seins sont ornés de jolis cœurs et de fleurs colorées. Elles en imposent, ces impertinentes, au corps dansant et aux jambes écartées. Les Nanas de Niki de Saint-Phalle incarnent à elles seules un univers chatoyant et engagé, féministe à souhait. Issue d’une famille bourgeoise et catholique, la jeune artiste s’est toujours acharnée à sortir des carcans pour crier haut et fort à la liberté des mœurs. Aux côtés du sculpteur Jean Tinguely, elle rejoint en 1961 le groupe parisien des Nouveaux Réalistes, fondé par le peintre Yves Klein et le critique Pierre Restany. On raconte alors qu’un soir d’hiver, dans un terrain vague près de l’impasse Ronsin, une dizaine de personnes s’est attroupée pour admirer Niki, vêtue tout de noir, prête à tirer à la carabine sur plusieurs toiles. Recouverte de poches de couleurs, celles-ci sont percées par les balles et laissent percevoir des explosions multicolores. Ainsi naquirent les célèbres Tableaux-Tirs de Saint-Phalle qui la firent entrer tout droit dans le cercle des avant-gardes. Avec plus de 40 œuvres allant de son Jardin des Tarots à ces célèbres Nanas, l’exposition dévoile une œuvre personnelle et éclectique, aux créatures mythologiques et anthropomorphiques. Profondément engagée pour le féminisme, l’égalité raciale ou l’athéisme, Niki est l’une des premières artistes à faire de la femme un sujet central, à travers des créations monumentales et exubérantes qui investissent les places publiques. Son art triomphe partout, même dans les intérieurs, avec ses affiches, ses meubles et ses bijoux aux diverses symboliques. Des métaphores vives et grandiloquentes, annonçant plus que jamais l’émancipation d’une Nana qui se veut libre « à tout prix ».
Le saviez-vous ?
Fondé en 1960, le groupe des Nouveaux Réalistes a été initié par le critique d’art français Pierre Restany lors d’une exposition à Milan regroupant les œuvres d'Arman, de François Dufrêne, de Raymond Hains, d'Yves Klein, de Jean Tinguely et de Jacques Villeglé. Prenant position pour un retour à la réalité, ces artistes s’opposent au lyrisme de la peinture abstraite sans pour autant défendre la figuration. Ces conceptions s’incarnent notamment dans des assemblages d’éléments empruntés à la vie quotidienne, à la manière des ready-made de Duchamp. C’est en 1961 que Restany revendique « de nouvelles approches perceptives du réel » dans sa Déclaration constitutive d’un Nouveau Réalisme, à laquelle adhèrent César, Niki de Saint Phalle, Gérard Deschamps et Christo.
Focus sur… Dawn jaune, 1995
Réalisée en 1995, cette Nana tout de jaune incarne parfaitement une émancipation féminine, à travers un corps aux formes généreuses qui danse allégrement sans se soucier du qu’en dira-t-on. Inspirée par Clarice, une amie de Niki de Saint Phalle enceinte de plusieurs mois, cette Nana pulpeuse et à l’aise dans son corps symbolise la femme heureuse et libérée des stéréotypes sexistes. Elle devient le manifeste de l’artiste, déclarant : « Je veux être supérieure : avoir les privilèges des hommes et en plus garder ceux de la féminité, tout en continuant à porter de beaux chapeaux. »
Réservation obligatoire
Lien de réservationMUSEE DU TOUQUET-PARIS-PLAGE
Du 19 mai au 5 septembre 2021
Angle avenues du Golfe et du Château, 62520 Le Touquet-Paris-Plage