Exposition Boris Taslitzky à La Piscine de Roubaix
La Piscine de Roubaix
Jusqu'au 19 juin 2022
La Piscine de Roubaix nous offre une exposition bouleversante, en écho troublant avec notre actualité. Nous redécouvrons sous un jour nouveau les toiles saisissantes de Boris Taslitzky, maître du réalisme social, qui immortalisera magnifiquement les épisodes les plus sombres du XXe siècle. L’artiste nait en France en 1911, d’un père Ukrainien et d’une mère originaire de Crimée qui avaient fui la Révolution russe. Mais ce jeune garçon surdoué qui intègrera les Beaux-arts de Paris à 17 ans à peine, ne vivra pas pour autant la vie douce à laquelle ses parents le prédestinaient. Sa mère mourra à Auschwitz. Lui, passera 9 mois dans les couloirs de la mort à Buchenwald. Il survivra. Mais son regard sur le monde ne sera plus jamais le même. Nous découvrons ici avec une émotion extrême ses précieux dessins, esquissés en cachette pendant sa déportation. Des feuilles frêles et fragiles auxquelles répondent des toiles monumentales, dans la lignée des grandes peintures d’histoire de David, Delacroix ou Géricault. Taslitzky saisira cette épreuve de la vie pour transmettre aux générations futures la mémoire de l’horreur, s’engageant à travers son art pour défendre les causes politiques de son temps. Tant de combats défilent ici, la Guerre d’Indochine, les martyrs de l’Algérie, la misère industrielle … se rejoignent dans la fureur de compositions d’une beauté terrifiante. La couleur est là, chatoyante et vibrante. Mais elle ne suffit pas à masquer ces regards perdus, ces gestes de désespoir qui semblent émerger du néant, la colère de ces chiens enragés, ni les corps fantomatiques et les morts en sursis, … comme autant de destins brisés. Pourtant, entouré par ces violences inqualifiables, nous ressentons le sentiment étrange et enivrant de la lutte ; cette rage de vivre qui porte l’artiste, mais aussi et surtout celle de ces peuples qui refusent de subir. Taslitzky signe ici un témoignage poignant, dépassant les notions traditionnelles du beau, inventant une harmonie de la souffrance qui force notre regard tout en réveillant nos consciences.
« Si je vais en enfer, j’y ferai des croquis. D’ailleurs, j’y suis allé, et j’ai dessiné ». L’enfer, Boris Taslitzky l’a côtoyé de près. Le peintre français, dont l’existence sera traversée tout du long par la guerre et ses atrocités, fait partie des rares artistes ayant pu témoigner de l’horreur des camps. Neuf mois passés dans le couloir de la mort à Buchenwald, qui donneront naissance à un peu plus de 200 dessins macabres, édités par son ami Louis Aragon à sa libération. De cette expérience insoutenable, Boris Taslitzky développa une œuvre résiliente et résolument engagée, à son image. A travers une cinquantaine de peintures et de très nombreux dessins, La Piscine de Roubaix parvient à brosser le portrait d’un militant, révolutionnaire dans l’âme qui, portant dans sa chair les effets dévastateurs du fascisme, lutta toute sa vie contre les régimes totalitaires et les dérives du capitalisme. Témoin et acteur de tous les bouleversements, le résistant, qui se réclamait de la grande tradition de la peinture d’histoire, confia avoir peint aussi bien la joie que l’outrage en immortalisant les épisodes les plus sombres du XXe siècle. Une réalité politique et sociale d’une violence inqualifiable, exprimée dans la fureur de ses grands formats d’une beauté absolument terrifiante.
LA PISCINE DE ROUBAIX - MUSÉE D’ART ET D’INDUSTRIE ANDRÉ DILIGENT
Jusqu'au 19 juin 2022
23 rue de l’Espérance, 59100 Roubaix