Venise, une question de point de vue.

N’y a-t-il donc pas un seul artiste qui ait échappé aux filets de la Sérénissime Venise ? Claude Monet, Félix Ziem, Albert Marquet, James Abbot McNeill Whistler… Tous ont cédé à l’appel irrésistible de la lagune dans la seconde moitié du XIXᵉ siècle. Le musée de Louviers nous embarque à notre tour dans un voyage de plusieurs jours, nous empressant de monter à bord du train normand pour rejoindre Paris, Turin, Milan et enfin la Cité des Doges.

À notre arrivée sur les quais du Grand Canal, nous découvrons Venise sous un soleil d’argent dans une marine d’Eugène Boudin réalisée au crépuscule de sa vie. Le vieux peintre capture là-bas la véritable couleur de l’air, éclipsant la douceur du printemps sur les rives de l’Adriatique au profit d’une palette anthracite aux nuances atlantiques et d’un ciel tacheté de nuages.

Plus loin, nous retrouvons le britannique Walter Sickert envoûté par l’architecture de la place Saint-Marc, croisons Henri Martin sur l’Île de San Giorgio Maggiore avant de s’attarder sur cette vision nitescente de Santa Maria della Salute. Franz-Richard Unterberger peint ici la ville comme un mirage infini où l’eau et le ciel se confondent, un songe baigné de lumière dont le seul lien avec la réalité semble être cette gondole au premier plan glissant sur la lagune…