Expositions Nadia Léger et Bram van Velde au Centre Lee Ufan Arles
CENTRE LEE UFAN ARLES
Jusqu’au 11 mai 2025
On les a longtemps tenus à la marge. L’un, Bram van Velde, solitaire radical, explorait l’espace jusqu’à l’effacement. L’autre, Nadia Léger, femme trop proche d’un nom célèbre, peignait dans l’ombre d’un géant. Aujourd’hui, à Arles, leurs œuvres se répondent dans un face-à-face silencieux, au sein de l’espace Lee Ufan, dans le cadre du Festival du Dessin.
Deux trajectoires inclassables, deux écritures du doute et de la tension, deux réhabilitations attendues. Nadia Léger fut l’élève de Malevitch, la compagne de Fernand, la maîtresse d’un style aussi mobile que son époque. Surréaliste, puriste, abstraite, réaliste… Elle embrasse toutes les formes sans s’y dissoudre. Portraits fragmentés, architectures idéales, compositions cosmiques : sa peinture dialogue avec le constructivisme russe autant qu’avec les utopies modernes. On y croise Kandinsky, Arp, Ozenfant — mais surtout, sa propre voix, longtemps ensevelie.
Bram van Velde, lui, n’a pas de maître. Il peint comme on respire, par urgence, par nécessité. Ses “petites peintures sur papier” sont des seuils d’existence, des formes à peine tenues, des fenêtres sur l’effondrement du visible. Il ne construit rien, il laisse advenir. C’est dans cette fragilité que se tient sa grandeur.
À Arles, ce dialogue d’après-guerre a la force d’un murmure obstiné. Une manière de dire que l’avant-garde n’est pas une ligne, mais un tremblement. Et que certains noms, oubliés par les manuels, sont peut-être ceux qui résistent le mieux à l’histoire.
CENTRE LEE UFAN ARLES
Jusqu’au 11 mai 2025
5 rue Vernon, Arles
Du mar. au dim. de 10h à 18h, fermée le lun.
Tarif: 9 €, TR: 3 à 6 €