Arcimboldo, es-tu là ?

Les installations de Bernard Pras ont de quoi surprendre. Assemblant pêle-mêle horloges, piano sans pied, animaux empaillés, buste de femme, chapeau et autres objets délirants, elles semblent à première vue incarner un chaos aux allures de cabinet de curiosités. Et puis à force de tourner autour, le miracle advient et l’illusion prend forme : une image anamorphique apparaît sous nos yeux ébahis. Van Gogh, Les falaises d'Etretat… impossible de ne pas reconnaître les œuvres auxquelles se réfèrent ces peintures-sculptures. Deux médiums que l’artiste travaille comme s’ils ne faisaient qu’un dans une fusion qu’immortalise la pellicule. Le but n’est alors pas de s’arrêter au résultat final en deux dimensions, mais de penser l’espace, les vides et les blancs qui structurent la composition. Une démarche qui l’éloigne d’Arcimboldo mais le rapproche de ses contemporains Felice Varini et Georges Rousse. C’est finalement dans la dualité des portraits que Bernard Pras fait mouche : les objets agencés font directement référence aux sujets représentés. De l’énumération déroulée plus haut surgit ainsi Dalí, mais aussi une poésie critique envers le besoin d’accumulation matérielle incessant.