Pietà, Gustave Moreau au salon de 1852
Musée national Gustave Moreau
Du 15 juin au 30 septembre 2018
Jusqu'au 30 septembre 2018 -
Musée Gustave Moreau //
On connaît bien l’iconographie de la Pietà, ce motif repris par les sculpteurs de la Renaissance italienne, par les peintres académiques ou même les artistes contemporains. Cette scène biblique, à la fois émouvante et pathétique, où Marie étreint la dépouille de son fils à peine décroché de la Croix.
Lors de son premier Salon en 1852, Gustave Moreau présenta une Pietà aux dimensions imposantes qui aujourd’hui, est introuvable. La toute première acquisition du Musée Gustave Moreau se teinte ainsi de mystère : si l’Ébauche d’ensemble permet d’imaginer ce tableau qui lança la carrière publique du peintre symboliste, elle ne nous dit pas tout. Pourtant, celle-ci n’est pas le seul indice. L’exposition réunit d’autres traces du travail de l’artiste. Deux photographies de la même année, dues à Gustave Le Gray et Ladislas Chodzkiewicz aident à restituer, certes en noir et blanc, la physionomie d’ensemble de l’œuvre. À côté, une étude au fusain brouille cependant les pistes : Marie-Madeleine a disparu du premier plan et la pécheresse repentie a changé d’attitude. Mais ces différences révèlent aussi le processus créatif du peintre, ces petits formats esquissés étant indispensables avant un travail d’aussi grandes dimensions, afin de jauger l’équilibre des couleurs et l’harmonie de la composition. Par cet accrochage aux allures d’enquête, l’on s’amuse à reconstruire l’histoire de cette œuvre qui fut si durement accueillie, ressemblant selon les critiques, à une création de Delacroix. Désireux de retrouver sa liberté, Gustave Moreau quittait finalement en 1849, l’École royale des Beaux-arts pour créer son propre « art épique ». Perdue dès la fin de l’été 1852, la Pietà connut décidément un destin aussi romantique que le style de ce peintre unique, qui tomba quelques années plus tard, dans le mysticisme.
Pietà (Ébauche d’ensemble) is the first acquisition of the Gustave Moreau Museum. It gives an interesting idea of what could be the final lost painting, presented in the Salon of 1852.