Actu – Jeff Koons accusé d'avoir plagié une publicité Naf-Naf
Le Chien contre le Cochon //
C’était en 1985. Une jeune femme brune allongée dans la neige, certainement victime d’une avalanche, se voyait être secourue par un petit cochon rose, un tonnelet de Saint-Bernard autour du cou. Cette scène étonnante était alors celle d’une campagne de publicité pour la célèbre marque de prêt-à-porter Naf-Naf.
En 1988, le cliché est devenu sculpture. La jeune femme porte un haut en résille et le cochon est flanqué de pingouins. Seulement cette fois, Naf-Naf n'y est pour rien : ceci est une œuvre de l’artiste contemporain le plus cher au monde, Jeff Koons.
Coïncidence ou copie sans vergogne ? Telle est la question qui s’est posée hier, lundi 24 septembre 2018, lors du procès : le créateur des publicités de la marque accuse le plasticien de plagiat. Franck Davidovici considère en effet que l’artiste a réalisé une contrefaçon de sa campagne Fait d’hiver. Il demande au tribunal de grande instance de Paris la confiscation de cette sculpture scandaleuse et près de 300 000 € de dommages et intérêts.
« C'est la même œuvre en trois dimensions, à laquelle Jeff Koons a ajouté des fleurs et deux pingouins pour évoquer le froid, ce qui vise à coller à l'œuvre d'origine. Le discours est strictement le même », déclare son avocat. « Il parachève le plagiat en donnant à son œuvre le même titre que la publicité, Fait d'hiver », ajoute-t-il.
Il est vrai que cette démarche sans gêne est plutôt osée, surtout quand on connait le passé trouble de Jeff Koons en matière de plagiat. D’ailleurs, sa série Banality, dont fait partie Fait d’hiver, serait basée sur cette « appropriation » explique le président du Centre Pompidou qui exposait en 2014 l’œuvre en question : « Le principe même est de fonctionner à partir d'objets achetés dans le commerce ou d'images qui viennent de la publicité ou de magazines ». Une autre œuvre de cette série, Naked était la contrefaçon d’un cliché signé Jean-François Bauret. Aujourd’hui c’est donc la société Jeff Koons LLC tout entière qui est jugée, pour les beaux yeux de cette porcelaine so kitsch.
Le 8 novembre 2018, Jeff Koons a été jugé coupable. Ce dernier, ainsi que le musée Pompidou, qui avait exposé la sculpture compromettante, devront payer la somme de 135 000 € au plaignant. Ce nombre semble bien dérisoire quand on sait qu'une des trois sculptures plagiées par Koons s'est vendue plus de quatre millions de dollars en 2007.