A la loupe - Berthe Morisot, Le Berceau
Berthe Morisot, Le Berceau, 1872
Le Musée d’Orsay consacra en 2019 une de ses expositions à la seule femme impressionniste, Berthe Morisot. Sensible aux scènes de la vie moderne et à la spontanéité de la touche picturale, c’est très naturellement que l’artiste se tourne vers les peintres d’avant-garde de l’époque, Monet, Degas ou Renoir. Bien qu’elle soit aujourd’hui bien moins connue que ses pairs, elle demeure une figure essentielle du mouvement, l’une des plus novatrices.
S’il y a un tableau à retenir de toute son œuvre, c’est bien Le Berceau. La première fois qu’elle présente cette toile au public, c’est à l’occasion de la première exposition commune des artistes indépendants de 1874, qui marque les débuts de la peinture impressionniste, mot inventé par le journaliste Louis Leroy qui ironisait sur le célèbre tableau Impression soleil levant de Claude Monet. Ce tableau est sans conteste le plus célèbre de Berthe Morisot. Peint à Paris en 1827, il représente l’une des sœurs de l’artiste, Edma, veillant sur sa petite fille Blanche qui est en train de dormir paisiblement. C’est la première d’une longue série de toiles qui ont pour thème la maternité. Dans cette toile, un lien invisible est palpable entre l’enfant et sa mère. En effet, cette dernière pose un regard très tendre et touchant sur sa petite fille endormie dans le cocon protecteur du couffin. Blanche est protégée par sa présence, mais également par le voilage du berceau, légèrement relevé par la main droite d’Edma. Même si cette peinture représente l’un des moments les plus émouvants de la vie de l’artiste, sa composition n’en est pas moins savamment étudiée. Le regard de la mère, la ligne de son bras gauche replié, auquel fait également écho le bras de l’enfant et ses yeux clos, tracent une longue diagonale qui est soulignée par le mouvement du rideau en arrière-plan. La peintre parvient ici à traduire un moment suspendu dans le temps, empreint de douceur et de délicatesse. La tête d’Edma reposant sur sa main gauche renforce son air pensif et lui confère une certaine gravité. Cette peinture demeura dans la famille de Morisot jusqu’à son acquisition par le Musée du Louvre en 1930
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