Les Daubigny peignent les couleurs de la mer dans l'exposition du musée Eugène Boudin

Musée Eugène Boudin
Du 5 septembre au 23 novembre 2020

C’est une magnifique redécouverte que nous propose le Musée Eugène Boudin à Honfleur. Celle de deux artistes, Charles-François et Karl Daubigny, père et fils, qui ont su capter avant l’heure des motifs insoupçonnés. 3 étages d’exposition, des toiles spectaculaires allant jusqu’à 2,50m d’envergure, des œuvres venues des musées les plus prestigieux au monde, et de collections privées, dont beaucoup n’avaient jamais été présentées au public. Et pour cause, il a fallu plus de 3 ans pour élaborer cette exposition d’exception, et retrouver la trace de tableaux oubliés.

Résultat extraordinaire en plus de 80 toiles.

 

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Nous rencontrons donc le célèbre Charles-François Daubigny, dessinateur virtuose, graveur, coloriste hors-pair et visionnaire, premier peintre à avoir installé son atelier sur l’eau, sur son bateau-atelier le Botin, voguant sur l’Oise et la scène, et capturant des scènes impensables en plein air, 20 ans avant la naissance de l’Impressionnisme. Puis vient le temps de la Normandie, le coup de foudre, l’évidence. Plages de Dieppe, falaises d’Etretat, vues bucoliques de Honfleur, notre artiste pose son chevalet partout pour observer les variations de lumières sur les paysages environnants. Avec un attachement tout particulier à Villerville, qu’il découvre en 1854, s’enthousiasmant pour la beauté et la richesse des motifs côtiers qu’il trouve là réunis. Comment ne pas penser aux ciels d’Eugène Boudin face à cette vue de la plage à Villerville à marée basse ? Comment ne pas ressentir l’ébullition artistique de l’époque face à ce soleil rouge, presque abstrait, qui n’est pas sans rappeler Impression soleil levant de Monet. Et effectivement, ces artistes se cotoyaient, s’influençaient, s’observaient. En 1859, l’œuvre « Les Graves au bord de la mer » de Charles-François Daubigny suscitera l’intérêt du jeune Claude Monet, alors âgé de 19 ans. Vincent Van Gogh sera quant à lui fasciné par ses audaces coloristes en leur temps. Mais l’éclat de génie de cette exposition tient aussi à la mise en regard des œuvres du père avec celles de son fils, Karl, injustement oublié par l’Histoire de l’art, qui n’a retenu que sa proximité artistique avec Charles. Et pourtant. Nous découvrons ici un jeune prodige capable de peindre en 6 minutes chrono un chef-d’œuvre et faisant la une du Petit Journal de l’époque, un artiste qui se fera remarquer au Salon dès 1863, peignant intégralement en plein air des œuvres aux dimensions spectaculaires, 10 ans avant l’Impression de Monet. Quelle émotion face à ses falaises au soleil couchant, et ce soleil d’un rouge électrisant… L’artiste s’intéresse aux diffractions de la lumière, contrastant à l’extrême les tonalités chaudes et froides. Un artiste qui nous livre ici des audaces colorielles impensables en leur temps, une simplification du motif étonnante frôlant l’abstraction, baignant ses toiles dans des couleurs presque fauves. Ou ici avec cette toile impressionnante, les environs de la ferme Saint Siméon, chef-d’œuvre qu’il lèguera au musée du Louvre par un testament tristement prémonitoire. Car notre indicible talent s’envolera trop tôt, à 40 ans à peine. Quelque 130 ans plus tard, nous redécouvrons avec un immense plaisir ses toiles à couper le souffle.

C’est une captivante histoire de famille qui se raconte au musée Eugène Boudin, conviant à la fois le père, Charles-François Daubigny, et son fils Karl. Une exposition qui révèle pour la première fois la fascination de ces deux peintres pour les terres normandes en faisant dialoguer leurs œuvres de manière inédite. Charles-François Daubigny affectionne particulièrement la peinture en plein air, se plaisant à peindre sur son bateau-atelier, Le Botin, en sillonnant l’Oise et la Seine, obsédé par les effets fugitifs de l’eau et les changements de lumières qui s’y reflètent. Puis il découvre un paysage inédit, celui des côtes normandes. C’est là qu’il rencontrera Eugène Boudin qui deviendra son ami, posera son chevalet aux côtés de Courbet ou Monet. L’artiste confie alors dans l’une de ses lettres : « Je vois la mer, et c’est si beau que je n’ai pas envie de courir ailleurs ».

Bains de mer à Dieppe, falaises d’Étretat aux silhouettes écorchées, scènes de pêcheurs de Villerville, vues bucoliques de Honfleur, les motifs normands se déclinent dans une infinité de variations, marquées par une touche extrêmement libre et des formats impressionnants. En réunissant des œuvres des plus grands musées du monde, le musée confronte Charles-François Daubigny à ses illustres contemporains – Monet, Jongkind ou Boudin – et nous dévoile un artiste inspiré et inspirant. L’exposition rétablit aussi une injustice en révélant au grand jour le talent virtuose de son fils Karl, jeune prodige se faisant remarquer au Salon dès 1863. Il aura fallu attendre 150 ans pour redécouvrir ses toiles à couper le souffle, notamment sa production de motifs littoraux animés, véritables scènes de genre maritimes aux effets atmosphériques incroyables.

 

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Focus sur... Plage de Villerville à marée basse de Charles-François Daubigny

 

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Dans les dernières années de sa vie, Charles-François Daubigny a créé une série de toiles dans le petit village de pêcheurs de Villerville, dont les paysages connaissent une grande variation de couleurs au rythme des heures de la journée. Dans ce tableau peint en plein air depuis le rivage, la plage se découvre à marée basse sous un tout autre aspect que ses habituels paysages marins. Le ciel ombragé dévoile quelques touches bleutées et rosées qui annoncent l’approche de la nuit. Dans ce crépuscule mouvant, le retrait de la mer laisse percevoir une plage assombrie par l’humidité du sable, sur laquelle se détachent des silhouettes réduites à quelques taches brunes et blanches. Le peintre s’amuse alors à décliner d’innombrables gris, verts et bruns qui donnent forme aux roches coiffées d’algues, peu à peu recouvertes par les flots.

MUSÉE EUGÈNE BOUDIN
Du 5 septembre au 23 novembre 2020
Rue de l’Homme de Bois, 14600 Honfleur


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