"Picasso l'étranger", une nouvelle facette du Minotaure exposée au musée de l'immigration
Musée national de l'histoire de l'immigration
Du 4 novembre 2021 au 13 février 2022
Si le mythe du Minotaure nous semble familier, nous omettons souvent à tort le labyrinthe dont il était prisonnier. La vie de Picasso n’a pas toujours été celle qu’on nous apprend dans les manuels scolaires. Anarchiste surveillé, réfugié politique espagnol, communiste engagé… le plus grand artiste du XXe siècle, devenu fierté nationale, a longtemps été considéré comme la bête noire de nos autorités. Le Musée national de l’Immigration, porte-voix des minorités, prend le pari risqué de rétablir une vérité peu glorieuse, celle du rejet auquel Picasso a fait face toute sa vie durant. Qui aurait pu imaginer que Picasso fut l’objet de rapports émis par les renseignements français pendant près de 50 ans ? Qu’il se vît refuser, alors que son succès touchait déjà des sommets, la naturalisation française en 1940 ? Le « mythe » Picasso, qui a été sujet à tant d’expositions thématiques et rétrospectives, voit sa vie abordée sous un angle résolument inédit, en prenant comme point de départ celui du regard d’un simple étranger qui arrive dans un pays dont il ne parle pas la langue et dans lequel il doit reconstruire tous ses repères. Ce parcours semé d’embûches que les documents d’archives – dont les documents secrets de la Préfecture de Police – attestent avec force, est ponctué par les œuvres majeures ou méconnues de l’artiste, qui prennent un tout nouveau relief à la lumière de ce récit. Picasso, âme en peine, taira sa souffrance toute sa vie. Aujourd’hui, ses œuvres sont invitées à témoigner pour lui.
Focus sur...
L’Homme au Mouton
Cette statue constitue une rareté dans l’œuvre de Picasso, qui se compose de très peu de personnages masculins et encore moins symboliques, et la jugeant lui-même comme une pièce maîtresse de son œuvre. Même si l’auteur réfute toute interprétation au-delà du simple sentiment humain, jurant qu’il aurait pu remplacer « le
mouton par un porc », le thème pourrait renvoyer au mythe païen de l’Hermès criophore ou au thème chrétien du « bon pasteur ». L’un comme l’autre, il s’agit d’égarement et de recherche…