La Villa Aurora de Rome, qui contient l’unique œuvre murale de Caravage, sera mise aux enchères au mois de janvier 2022. Elle est pour l’instant estimée à près de 500 millions d’euros.

Si vous avez toujours rêvé de vivre en plein cœur de la Renaissance italienne, de fréquenter les Médicis et de vous entourer des plus prestigieuses œuvres d'art, cela aurait été possible… sous réserve d’avoir 471 millions d’euros sous la main. Au mois de janvier 2022, le Casino di Villa Boncompagni Ludovisi, plus connu sous le nom de Villa Aurora, situé au beau milieu de la capitale italienne, a été mis aux enchères. Ce qui fait toute la richesse de cette demeure de 260 mètres carrés ? Elle abrite la seule œuvre murale - la seule connue en tout cas - du peintre baroque Caravage. Il s’agit d’une immense fresque réalisée entre 1597 et 1599, qui mesure 5 x 2,5 mètres, et orne le plafond de l’un des pavillons de la Villa (en l’occurrence le cabinet d’alchimie). On peut y voir les dieux romains Jupiter, accompagné d’un aigle, Pluton, avec son cerbère, et Neptune, chevauchant un hippocampe. Les trois divinités sont installées autour d’une sphère céleste d’astronomie, que Jupiter touche de la main, faisant ainsi tourner le monde. Ils sont représentés de manière assez originale, dans un étonnant trompe-l’œil qui les présente vus du dessous, comme s’ils marchaient sur le ciel. L’œuvre, célèbre pour ses raccourcis anatomiques, a également été considérée par certains historiens de l’art comme un triple autoportrait du peintre italien. Ce chef-d’œuvre, qui est donc indissociable de la Villa, n’est pourtant pas le seul trésor qu’abrite cette dernière, puisque s’y trouvent également des fresques du peintre Guerchin.

Malheureusement, tout ne s'est pas déroulé comme prévu, puisque la vente a provoqué un véritable scandale au cœur de la communauté romaine. Les héritiers ont tout d'abord refusé la vente, voulant racheter leur bien afin de le conserver dans la famille. Une volonté qui a été mise à mal puisque les jeunes princes de Boncompagni Ludovisi n'ont pas réussi à réunir les fonds nécessaires. La vente a alors été maintenue, mais malheureusement aucun acheteur ne s'est présenté. Face à cette situation, une nouvelle vente à été prévue début avril, et le prix de vente de la Villa a été revu à la baisse de 20%. Une décision qui fait scandale chez les amateurs d'art, qui estiment que, parce qu'il abrite un tel chef-d'œuvre, le Casino devrait être racheté et entretenu par l'état, afin de laisser libre accès à cette peinture murale exceptionnelle.