Exposition Silhouettes : Marc Desgrandchamps pose ses valises au Musée des Beaux-Arts de Dijon
Musée des Beaux-Arts de Dijon
Jusqu'au 28 août 2023
Peintre de la transparence, de l’évanescence et des « fantômes liquides », Marc Desgrandchamps nous invite une fois de plus dans son univers fantasmagorique fait de personnages fragmentés isolés dans un havre de paix. Douze ans après sa grande rétrospective au musée d’Art moderne de la Ville de Paris, l’artiste français fait le point sur la décennie qui vient de s’écouler. Le bilan de cette récente introspection ? Une exposition-événement articulée autour de quarante-sept toiles monumentales aux contours incertains, une série de polyptyques de grands formats accompagnés de quelques dessins nécessaires pour comprendre la pratique d’un peintre « à la limite de l’imperceptible ». Pétrie de références à l’Antiquité, au cinéma, à la littérature ou à la philosophie, l’œuvre figurative de Marc Desgrandchamps témoigne du caractère éternellement instable de nos perceptions et de l’ambiguïté du monde réel. Sa peinture prône ainsi un habile jeu de superposition avec des effets de transparence et d’opacité dans un décor naturel ou urbain, le tout dans des notes bleutées ou verdâtres, sa signature. Ses figures partielles auxquelles manquent un pied, un bras ou un visage tout entier peuplent son imaginaire, tandis qu’une ombre invisible et menaçante plane sur l’ensemble de ses paysages familiers. Ses silhouettes transparentes, presque effacées, traduisent ainsi toujours l’incertitude d’une situation non identifiée, comme avec le tableau Un Matin au temps de la paix où le corps légèrement dessiné d’une jeune femme au bord d’un lac contraste avec l’avènement imminent de la guerre en Ukraine. L’histoire est-elle en marche ou a-t-elle déjà commencé ? Tel un scénariste sur un storyboard, l’artiste assemble ses grands panneaux pour créer un récit de toute pièce qui se raconte en plusieurs étapes. Un format « cinémascope » brouillant un peu plus les frontières entre la réalité et la fiction, à l’image de cette énigmatique réinterprétation d’Un déjeuner sur l’herbe de Manet ou de cette tout aussi mystérieuse reconstitution de l’espace peint par Piero della Francesca dans la célèbre Flagellation du Christ. Toujours est-il que le temps lui semble bien suspendu depuis notre arrivée…
Le saviez-vous ?
Après Hervé Di Rosa ou Barthélémy Toguo, Marc Desgrandchamps s’est vu confier la lourde tâche de signer l’affiche de l’édition 2016 du tournoi Roland Garros. Dans cette gouache ambiguë, on y voit les jambes relâchées d’une joueuse de tennis, avant d’apercevoir au second plan son ombre portée exécutant un service. Jeu, set et match !
MUSÉE DES BEAUX-ARTS DE DIJON
Jusqu’au 28 août 2023
Pl. de la Sainte-Chapelle, 21000 Dijon