Exposition Aérosol : une histoire du graffiti au Musée des Beaux-Arts de Rennes

Musée des Beaux-Arts de Rennes
Du 15 juin au 22 septembre 2024

 

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Peut-on véritablement exposer l’art du graffiti dans un musée des beaux-arts ? Un pari audacieux relevé avec brio dans cette exposition qui revient sur la fascinante histoire d’un art libre et affranchi, souvent vandale, parfois licite, toujours engagé. Né dans la rue et éphémère par nature, le graffiti s'est imposé comme une forme d'expression artistique plurielle, des bombages à main levée aux pochoirs et writings. Tout commence dans les années 60, avec des pionniers comme Blek le Rat, Jef Aérosol, Miss.Tic, ou Futura2000, véritable Kandinsky de la rue, dont les fresques frôlent le génie de l’art abstrait. Puis nous prenons le train vers un art méconnu, le subway art, venu de New York, illustrant des créations clandestines, infusées d’adrénaline, laissant une trace poétique indélébile sur nos passages urbains.

L'exposition « Aérosol, une histoire du graffiti » commence ainsi par une rétrospective de l'histoire du graffiti en France de 1960 à 1986, mettant en lumière des œuvres rares de pionniers tels que Blek le Rat, Jef Aérosol, Miss.Tic, Bando, Futura2000, Blitz et Dee Nasty. 

À la fin des années 50, la bombe aérosol apparaît en France sous des appellations poétiques comme « peinture presse-bouton ». Initialement conçue pour repeindre des voitures ou du mobilier, son usage artistique n’apparaitra que bien plus tard. Les premiers graffitis à la bombe aérosol en France – non encore reconnus comme de l’art – apparaissent dès les années 1960, souvent sous forme de slogans politiques anonymes. Pendant les événements de Mai 68, les murs deviennent le reflet des préoccupations de l'époque : indépendance de l'Algérie, guerre au Viêt-Nam, grèves ouvrières et luttes féministes. À partir des années 1970, l'usage des pochoirs se généralise, permettant une reproduction rapide et efficace de symboles et d'images revendicatives. Certains artistes adoptent rapidement cette nouvelle pratique. Jacques Villeglé et Raymond Hains, membres du Nouveau Réalisme, intègrent des graffitis trouvés dans l'espace public dans leurs œuvres. André Cadere et Benjamin Vautier (Ben) utilisent directement la bombe aérosol pour des performances et des inscriptions humoristiques ou poétiques. Gérard Zlotykamien, pionnier de l'art urbain en France, utilise la bombe aérosol dès 1963 pour créer des « éphémères » qui rendent hommage aux victimes de la déportation. Dans les années 1980, le graffiti envahit la culture punk-rock, avec des groupes comme Téléphone et La Souris Déglinguée utilisant cet outil pour marquer l'espace public. 

L'exposition explore également l'impact du graffiti-writing venu des États-Unis, popularisé en France par des pionniers comme Bando après la tournée du New York City Rap Tour en 1982 et la publication de « Subway Art » en 1984. Cette forme de graffiti devient un élément clé de la culture hip-hop en France, avec des émissions et événements qui la popularisent. 

En utilisant les collections du Mucem, cette section retrace l'activité des "trainistes" européens et explore l'importance de ces espaces mobiles dans la diffusion et la visibilité des œuvres. Trains et métro deviennent la toile clandestine de ces artistes de l’ombre. À Paris, la RATP fait appel à Futura pour une campagne publicitaire en 1981, tandis que Deenasty peint le premier métro en 1984. Malgré les efforts de la RATP pour les éradiquer, les tags et graffitis continuent de se multiplier. Les esquisses préparatoires, les photos de trains graffés et les objets tirés des trains montrent la passion et l'adrénaline qui animent ces artistes. Les maquettes de trains graffés, en métal, plastique ou carton, témoignent de la fascination pour ces objets mobiles.

Le saviez-vous ? Le grand Keith Haring, artiste de renommée mondiale à l’esthétique Pop Art, a commencé en tant que street artist dans le métro New Yorkais, dans les années 1980.

Un prêteur d’exception ! La collection graffiti du Mucem se distingue par son caractère pionnier parmi les musées européens. Comptant plus de 2 000 pièces, cette collection anthropologique et artistique a été obtenue directement auprès des graffeurs, favorisant ainsi une riche documentation des discours des artistes autour de leurs créations et des objets associés.

MUSÉE DES BEAUX-ARTS DE RENNES
Du 15 juin au 22 septembre 2024
20 quai Emile Zola, 35000 Rennes


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