Une nouvelle acquisition au MuMa du Havre : une toile fauve d'Albert Marquet
Musée d'art moderne André-Malraux
Collections permanentes
Grâce à un financement exceptionnel, la toile Le Havre, le bassin (1906) du peintre Albert Marquet fait sa grande entrée dans les collections du musée d’art moderne André Malraux au Havre. Celle-ci est la première toile fauve du peintre acquise par le musée. Elle vient compléter une collection déjà composée de 12 toiles et de 23 dessins du peintre, installé dans la ville depuis 1906. Les toiles fauves de l’artiste se font rares sur le marché, ce qui rend cette toile encore plus singulière dans le musée.
Le tableau aux couleurs éclatantes sera la pièce incontournable à voir au musée lors des Journées Européennes du Patrimoine, les 21 et 22 septembre 2019.
Le Havre et Albert Marquet, une grande histoire
Le Havre est souvent connu comme une terre impressionniste. Cependant, le fauvisme y voit aussi le jour. Les trois fauvistes que sont Braque, Dufy et Friesz décident de créer aux côtés de grands collectionneurs havrais, comme Olivier Senn, Charles-Auguste Marande, Georges Dussueil ou Peter van der Velde une association, Le Cercle de l’art moderne, permettant de promouvoir l’art au Havre. Celle-ci permit de monter une grande exposition au Havre en 1906 présentant des toiles impressionnistes des illustres Monet et Renoir en face de toiles terriblement modernes de Matisse, Derain et Marquet. Les couleurs vives et l’abandon de perspective avaient déjà fait scandale au Salon d’automne de 1905, à Paris. Marquet expose alors deux toiles cette année-là au Havre, Quai des Grands-Augustins par temps gris et par temps de brouillard.
Marquet rejoint Dufy quelques jours avant la fin de l’exposition et y restera quelques temps. Logé à l’hôtel du Ruban Bleu, les deux amis peignent la Normandie, terre gorgée de fonds de toile propices aux envies fauvistes de l’artiste. Parmi les 18 toiles fauves que l’artiste a peintes, on retrouve les plages étendues, les baigneurs normands, les ports et les rues pavoisées.
Focus sur l’oeuvre
La toile de 1906 acquise par le musée a été peinte depuis la chambre d’hôtel de l’artiste, face au bassin. Devant le paysage complexe qui s’offre à lui, le peintre couche sur la toile une partie ombrée de la place de l’Arsenal, encore animée par la fête foraine du 14 juillet. Sous le soleil, on reconnaît le bassin du Roy bordé par le quai des casernes, actuel quai Michel Féré, avec la haute silhouette de l’Hôtel Suisse. À l’extrémité droite, on aperçoit l’anse Notre-Dame et en perspective, l’avant-port.
La radicalité de cette oeuvre nous saute aux yeux. La composition n’offre pas de point de fuite et la superposition des éléments laisse peu de place au ciel. Le contraste créé grâce au jeu de lumière, entre soleil et partie ombragée, font encore plus vibrer la toile, inébranlablement fauve.
Albert Marquet, artiste aussi polyvalent que talentueux, a été très apprécié des collectionneurs havrais. Le musée MuMa renforce donc avec cette acquisition le rayonnement de l'artiste dans l'enceinte de ses murs. Cette nouvelle toile fauve montre sans aucun doute un autre visage et une période différente de l'artiste, tout aussi intéressante.