A la loupe - Francis Bacon, In Memory of George Dyer

 

1

Francis Bacon, In Memory of George Dyer, 1971

Savez-vous pourquoi la toile la plus rose de Bacon est aussi la plus noire de son œuvre ? Entrons dans le triptyque phare de l’exposition, In memory of George Dyer, Paris, 1971. Quelques jours avant la rétrospective que le Grand Palais consacre à Bacon, son amant et muse George Dyer se suicide par overdose dans un hôtel. Francis Bacon s’en trouve profondément touché et perturbé. S’en-suit une période marquée par le deuil et la culpabilité pour le peintre. Son choix d’une palette à dominante rose pour rendre hommage à son ami crée un contraste saisissant pour ce qui est sans doute la plus sombre de ses œuvres. Le choix du triptyque n’est pas anodin. L’artiste joue sur le caractère spirituel du format, renvoyant à la Sainte Trinité, pour ajouter à son œuvre une dimension mystique. Un format qu’il développera d’ailleurs dans sa peinture à partir de cette date.

INSPIRATIONS LITTÉRAIRES

Comme souvent chez Bacon, il faut chercher une référence littéraire dans sa peinture. Ici, la toile est une référence à l’Orestie d’Eschyle et à la poétique de T. S. Eliot. Elle est inspirée de ce vers de La Terre Vaine : « I have heard the key, Turn in the door once and turn once only ». Les figures de la porte et de la clef sont ici centrales, et matérialisent la séparation entre le monde des vivants et celui des morts, dans lequel on voit disparaître la fi gure de l’être aimé.

RECONSTITUTION D’UNE SCÈNE

Si les lignes sont torturées, cette œuvre est plus réaliste qu’il n’y paraît : le décor du panneau central est une reconstitution exacte de l’Hôtel des Saints-Pères dans lequel George a fini ses jours, et l’on peut s’approcher pour voir les morceaux de journaux à terre qui rappellent cette ambiance parisienne. Ou peut-être serait-ce déjà l’annonce de sa mort ? On remarque également que le visage du panneau de droite est une restitution exacte d’une photographie de George par John Deakin. En effet, Bacon n’aimait pas le modèle vivant et travaillait toujours à partir de photographies, les collectionnant par milliers.Dense et hautement symbolique, ce triptyque possède aussi une valeur inestimable, quand on sait que celui sur son ami Lucian Freud, également inspiré d’une photographie de Deakin, a été un temps l’œuvre la plus chère du monde, vendue à plus de 142 millions de dollars...

Pour retrouver notre article sur l'exposition "Bacon. En toutes lettres" au Centre Pompidou, c'est ici


Vous aimerez aussi…

100UVR~2
  • Découverte
  • Contemporain

100 œuvres pour le climat : Redon et Seurat fleurissent au Musée Départemental Stéphane Mallarmé

MUSÉE DÉPARTEMENTAL STÉPHANE MALLARMÉ
Du 2 mai au 14 juillet 2025

Escale au Musée Stéphane Mallarmé pour l'opération 100 œuvres qui racontent le climat, orchestrée par le Musée d'Orsay à la découverte de Redon et Seurat.

JCC_DESSINS DEėCOUPEėS_2 v2
  • Gratuit
  • Contemporain

Exposition Free Jazz au Drawing Lab

DRAWING LAB
Du 13 juin au 30 septembre 2025

Le Drawing Lab orchestre une exposition réunissant quinze artistes héritiers direct d’Henri Matisse et de son ouvrage phare de gouaches découpées : Jazz.

Marielle Chabal, projet Al Qamar, 2017-2024
  • Gratuit
  • Contemporain

L'exposition collective Megalomelancholia au Carré Baudouin

CARRE DE BAUDOUIN
Jusqu’au 19 juillet 2025

Le Carré Baudouin accueille sept artistes qui nous invitent à désapprendre nos réflexes et à circuler autrement dans une ville qui n'existe pas encore.

1818629 David Bowie, 1983 (photo); (add.info.: David Bowie at the Cannes Film Festival, 1983); Picture Alliance/DPA.
  • Incontournable
  • Contemporain

David Bowie, Mr Jones’ Long Hair : l'hommage inédit à la galerie MR8

GALERIE MR8
Du 22 mars au 22 juin 2025

Avec son exposition Mr. Jones’ Long Hair à la galerie MR8, David Lawrence construit un portrait fragmenté et vertigineux de David Bowie dans un hommage délicat.