Épure, l'exposition de Francesco Moretti à la Galerie Cyril Guernieri
Galerie Cyril Guernieri
Du 31 mars au 16 avril 2022
Epurer la forme, ne garder que l’essentiel. Francesco Moretti est un artiste virtuose, un sculpteur aux mains d’or qui métamorphose le vivant dans des œuvres sublimes. La galerie Cyril Guernieri lui consacre une exposition saisissante, au cœur du très prisé quartier de Saint-Germain-des-Prés à Paris. Ici le sculpteur italien diplômé de l’École des Beaux-Arts de Venise réussit un exercice de haut-vol : faire corps avec la matière, jusqu’à donner aux masses épaisses, rigides et froides du métal la délicatesse d’une feuille de papier. Les courbes voluptueuses répondent aux angles saillants, les surfaces mates s’opposent aux lignes brillantes, et soudain, l’abstraction prend vie. Notre regard décrypte dans ces volumes poétiques une impression vitale. Ce bloc acéré devient un torse athlétique, cette masse cambrée s’élance tel le corps d’une danseuse, ces volutes enlacées évoquent les bois d’un bélier… Des formes ultra-minimalistes qui ne gardent que l’évidence. Au-delà de la représentation, l’artiste réveille notre mémoire commune en donnant vie à des dessins de métal, frôlant l’abstraction sans jamais y succomber, nous laissant libres de voir, d’interpréter, de ressentir surtout. Des sculptures d’une grâce infinie qui nous racontent le vivant dans sa plus grande simplicité, délesté de tout artifice, dénué du moindre superflu: l’épure absolue. Ne reste que le cœur battant des formes de la vie, dans des œuvres intenses et élégantes qui semblent flotter dans l’espace. En cultivant cette esthétique de la simplicité, Francesco Moretti nous confronte à l’épreuve du temps, ne laissant comme trace de notre passage sur Terre qu’un trait d’une fluidité ultime, une silhouette inaltérable dont la puissance évocatrice invite à la contemplation.
Au premier regard, l’œuvre de Francesco Moretti désarçonne. Comment une sculpture métallique peut-elle sembler aussi fine et légère qu’une feuille de papier ? Le talent du sculpteur italien diplômé de l’École des Beaux-Arts de Venise réside bien là : savoir fendre l’air avec la grâce et la puissance d’un orfèvre. Voilà plus de trente ans que l’artiste compose avec le métal et développe cette œuvre abstraite et gracile, inspirée directement de la nature, de l’Homme et de son environnement. Des silhouettes animales courbes et pliées redéfinissant les frontières du réel, donnant vie à l’invisible.
Si le travail du métal repose souvent sur un rapport de force (compression, martelage), Francesco Moretti choisit, lui, de l’épouser. À son contact, la matière s’efface en faveur de la simple beauté d’un geste maîtrisé. Rejetant avec force la parfaite vraisemblance, l’artiste privilégie depuis toujours l’apparition sublime d’un corps habité. Entre ses mains expertes, le métal, habituellement dur et rigide, devient souple pour former d’élégants volumes poétiques aux contours minimalistes. Un équilibre fragile qui repose intégralement sur la virtuosité du sculpteur aujourd’hui exposé rue Mazarine à la galerie Cyril Guernieri. À travers la sélection de ses plus belles créations, l’exposition, baptisée Épure, traverse ainsi les plus grands thèmes de Francesco Moretti (le retour à la forme, la variété des sujets, la puissance de la suggestion) en restituant ce rapport aux corps ou à l’imagination si cher à l’artiste. Un moment suspendu, face à face grandiose entre l’Homme et l’Animal, visible jusqu'au 16 avril prochain.
Visite le matin sur rendez-vous.