Disparition : Pierre Soulages, le maître de l'outrenoir, tire sa révérence à 102 ans
Il était le maestro des ténèbres, et maîtrisait les tons obscurs comme personne. Le grand maître de l'abstraction Pierre Soulages nous a quitté ce mardi soir à l'aube de son 103ème anniversaire. Célèbre pour ses épais coups de pinceaux noirs sur fond blanc et ses compositions sombres, il s'était fait connaître pour aptitude à marier les ténèbres et la lumière, à révéler le chatoiement de la toile grâce à l'obscurité ... Pourtant, tout n'était pas écrit d'avance pour ce fils de carrossier, que sa mère rêvait médecin. Reçu aux Beaux-Arts à 18 ans, il se lasse rapidement de l'enseignement et retourne à Rodez, la ville de son enfance, qui abrite désormais un célèbre musée à son nom. C'est en 1938 qu'il s'installe à Paris, qu'il ne quittera jamais plus. Représenté par la galerie Karsten Greve, se distinguait par la conception d'un espace pictural novateur, qu'il structure avec des matériaux divers : huile, goudron, brou de noir... Une sobriété chromatique qui lui sied à merveille, lui qui avait fait de la profondeur du noir son terrain de prédilection. Ces derniers temps, il travaillait dans son atelier parisien du 5e arrondissement, laboratoire de toutes ses expérimentations : y émergeaient des oeuvres puissantes, des constructions décomplexée aux tons, bruns ocres ou noirs. Son geste était sobre, son énergie forte et marquante, et ses coups de pinceaux noirs et épais ont révolutionné l'histoire de l'abstraction. Il avait brillé par sa présence dans les plus grands musées du monde : exposé à Lyon en 1987, au Musée d'art moderne de la Ville de Paris en 1996, ou encore au Musée de l'Ermitage à Saint-Pétersbourg, et au Centre Pompidou en 2009, ses rétrospectives séduisaient par leur sens de la mesure et leur puissante originalité. Des expositions dans des galeries, au Musée Saint-Pierre de Lyon, en 1987, au Musée d’art moderne de la Ville de Paris, en 1996, au Musée de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg (Russie), en 2001, et au Centre Pompidou, en 2009. Pour l'Abbaye de Conques, il avait une nouvelle fois démontré son aptitude à apprivoiser la lumière en concevant des vitraux singuliers qui sublimaient les éclats de l'extérieur. En hommage, le Musée d'Art Moderne de Paris exposera une de ses toiles, issues des collections permanentes du musée.