Vidéo - Nicolas de Staël, la flamboyante exposition du Musée d'Art moderne de Paris
Mam - Musée d’Art moderne de Paris
Du 15 septembre 2023 au 21 janvier 2024
Connaissez-vous vraiment les œuvres de Nicolas de Staël ? Le Musée d’art moderne de Paris fait le pari que non. Paris osé certes mais absolument flamboyant en déroulant sous nos yeux plus de 200 chefs-d’œuvre dont près d’un tiers n’avait jamais ou très rarement été montré au public français. Séquence émotion et révélation assurée. Tout au long de sa carrière, Nicolas de Staël ne cessera de se réinventer tout en conservant un style unique et reconnaissable. Une carrière qui aura pourtant la fulgurance d’un météore dont la course folle se terminera hélas de façon prématurée à Antibes où le peintre, rongé par un chagrin d’amour, finit par commettre l’irréparable à l’âge de 41 ans. Cette rétrospective magistrale brosse ici le portrait d’un peintre sur le fil du rasoir, ayant détruit au cours de sa vie autant d’œuvres qu’il en a réalisées. Un expérimentateur infatigable qui avouera n’avancer que d’accident en accident, se lançant dans une quête picturale d’une rare intensité qui bouleverse délibérément la distinction entre abstraction et figuration. Si certains peuvent voir dans son travail des aplats enchevêtrés de couleurs et de matière, abstraites, vivaces, organisées, d’autres au contraire apprendront à déceler les histoires qui se cachent derrière ces chefs-d’œuvre faussement abstraits. Comme ici avec ce stade de foot illuminé par des projecteurs nocturnes transposé dans le format XXL des plus grandes peintures d’Histoire, ce tableau du Parc des Princes de nuit qui pèse quand même 200 kilos d’amas de peinture... Alors oui, ici nous redécouvrons Nicolas de Staël comme si on ne l’avait jamais vu. Une petite huile sur toile déclinant les bleus de Provence jusqu’aux arbres outremer, un ciel enflammé au coucher du soleil, une vue de village plongée dans l’incandescence du ciel, un paysage de plaines qui se confond avec une mer de glace. C’est toute la magie de cet artiste qui dépasse la figuration pour n’en garder que l’émotion, encapsulée dans une matière vivante, au-delà de la forme. Le peintre ne recule devant aucune expérience, affronter le soleil de face, montrer ce qui ne peut être vu, regarder autrement, sculpter la couleur comme s’il déchirait des bandes de matières dans un collage. Construire l’espace par la couleur, brute, à vif, osant le blanc dans une palette électrique. Une mer verte, un ciel rouge, peu importe la réalité tant que domine l’émotion. Peu à peu, ses camaïeux de gris laissent place à une palette électrisante, son écriture serrée et ses forts empâtements s’allègent, pour ne garder que l’éclat de l’étoile du Prince foudroyé dans la constellation de l’Histoire de l’art.