Connaissez-vous l’histoire de l’Atelier Rouge de Matisse ? La Fondation Louis Vuitton nous propose de tenter de percer son mystère en réunissant pour la première fois les pièces du puzzle de cette énigme de l’histoire de l’art. Nous sommes en 1911. En pleine préparation de ses Intérieurs symphoniques pour le collectionneur russe Sergueï Chtchoukine, l’artiste recouvre soudainement l’une de ses toiles d’une couleur écarlate uniforme, un rouge vénitien obsédant tirant vers l’ocre, effaçant d’un coup de pinceau la réalité des murs gris qui l’entourent. Matisse ne réalise pas ce qui s’est passé… Une pulsion, une vision, une intuition ? Avec L’Atelier rouge, l’artiste signe pourtant une œuvre révolutionnaire et introduit sans le savoir le monochrome dans le vocabulaire de l’art moderne. Un comble quand on sait que la toile, boudée des acheteurs et restée entre les mains de Matisse durant seize longues années, finit par trouver preneur en 1927 pour décorer la salle de bal d’une discothèque londonienne ! Ici, nous sommes entourés par les toiles de l’atelier de Matisse représentées sur ce tableau mythique, le portrait fauve du Jeune Marin II qui n’avait pas été exposé en France depuis plus de 30 ans, le vieux moulin posé presque négligemment sur le sol dans l'œuvre originale. Quelques toiles, des sculptures, plus qu’une vue d’atelier, l’œuvre sonne ici comme une mise en abyme, intense et vibrante, de l’espace imaginaire d’un maître de l’art moderne.