LYON // Bernard Buffet & Jean Couty
Du 13 octobre 2018 au 16 juin 2019 -
Musée Jean Couty //
L’Homme est fait de contradictions, d’esprit de compétition et d’un besoin indéniable de comparaison. Il semble ainsi logique d’admirer dans cette exposition un parcours croisé, une mise en parallèle de deux artistes représentatifs de la figuration après 1945. Bernard Buffet est largement célèbre tandis que Jean Couty mérite toute l’attention du public. Si ces deux peintres s’appréciaient, ils partageaient avant tout le même attachement pictural dans l'héritage des Maîtres. Attachés aux valeurs du métier, avec le dessin et la composition, ils privilégient le sujet : portrait, scènes de genre et d'actualité, paysage, nature silencieuse. La couleur et la matière interviennent en libérant chez chacun un expressionnisme singulier. Ils reçoivent respectivement le Prix de la Critique : Buffet en 1948 à l’âge de 20 ans et Couty deux ans plus tard, alors âgé de 43 ans. Le point d'ancrage de l'exposition révèle d'autres points communs mis en exergue dans cet accrochage en miroir.
L'expo en photos :
Deux grandes figures de la peinture française du XXe sont réunies dans une même exposition, Bernard Buffet d’une part et le Lyonnais Jean Couty, dialoguant sur les cimaises du musée Couty, à Lyon. Plus de 60 peintures, mais aussi des dessins, croquis ou autres documents d’archives, portent ici un regard croisé inédit sur la peinture figurative d'après-guerre. Car c’est l’un de leur premier point commun, assumer la figuration contestée par l’offensive abstraite, la montée de l’abstraction lyrique et géométrique. Deux peintres qui s’appréciaient, s’observaient, partageant le même attachement pictural à l'héritage des maîtres, admirant aussi bien les frères LeNain que David, Géricault ou Delacroix. Ils reçoivent respectivement le Prix de la Critique : Buffet en 1948 et Couty deux ans plus tard. Tous deux partagent une même approche humaniste de l’art ; ils renouent avec le sujet, le portrait, la grande composition, l’étude de la nature... Tous deux sont des témoins, de leur temps. Face aux ouvriers de Jean Couty, on ne peut s’empêcher de penser à la peinture sociale de Courbet. Chez Buffet, c’est une humanité écorchée et en déshérence qui s’expose. Deux grandes sensibilités qui observent le nouveau monde qui les entoure. Tous deux sont de remarquables dessinateurs, attachés à la construction, des peintres bâtisseurs comme des architectes de la peinture. La mort est omniprésente chez l’un comme chez l’autre, mais avec toujours une dimension existentielle. A l’image de ce tableau étrange d’un défilé de l’humanité devant une fausse commune de crânes, comme autant de vanités. Une troublante méditation sur le sens de la vie, qui s’illustre de chefs-d’œuvre dont beaucoup n’avaient jamais été montrés au grand public. Cet accrochage en miroir nous révèle ces deux artistes iconiques comme nous ne les avions jamais vus auparavant. Un face à face thématique, pictural, esthétique et social. Une exposition coup de poing dont on est ressortis conquis.