L'exposition envoûtante des 20 ans d'acquisitions du Musée du quai Branly
Musée du quai Branly - Jacques Chirac
Du 24 septembre 2019 au 26 janvier 2020
Le Musée du Quai-Branly fête ses 20 ans, ou plus exactement les 20 ans de ses collections. Car le musée – avant d’ouvrir au public en 2006 – a dû constituer une collection suffisante pour pouvoir s’imposer sur la scène internationale. 300 000 objets et archives, un héritage de près de quatre siècles, c’est donc le point de départ de ces collections publiques, qui n’ont cessé de s’enrichir depuis deux décennies, ajoutant quelques 70 000 pièces à ses réserves. Jusqu’à n’en garder que 500, iconiques, pour cette très belle exposition. Alors comment choisir ? Expose-t-on les œuvres les plus chères ? Les plus rares ? Celles d’un continent en particulier ? Le musée a préféré revenir sur ses choix et sa politique d’acquisition, depuis 20 ans. Passionnant. Car quelle tâche ardue que de réussir à choisir en faisant entrer en ligne de compte les questions artistiques, l’ethnographie, la modernité ou l’ancrage historique de l’œuvre dans son temps ? Ajoutez à ces questions celles de l’éthique et de l’origine réelle des œuvres, au-delà des contes trop souvent enjolivés des vendeurs, il faut souvent procéder à des enquêtes extrêmement pointues pour ne laisser aucune place au doute quant à la provenance des acquisitions… Arrive ensuite la question de leur valeur, un musée national ne pouvant se permettre les pirouettes spéculatives des grands collectionneurs contemporains… Plus de la moitié des acquisitions du musée se faisant d’ailleurs sous forme de dons. Alors ? Auriez-vous fait ces mêmes-choix ? Plus encore, auriez su justifier les vôtres ? Ce musée, situé aux confluences du musée de l'Homme et du Musée national des arts d'Afrique et d'Océanie (situé au Palais de la Porte Dorée), a dû - malgré lui - s'émanciper en cette année 2019. La disparition de son premier soutien, Jacques Chirac, ayant en effet précipité les choses, pour un avenir qui désormais, n’appartient qu’à lui seul.
Que voit-on concrètement ici ? Des photographies d’époque témoignant d’une réalité jusque-là insoupçonnable. Des œuvres de petits collectionneurs visionnaires (on blague bien sûr), parmi lesquels Guillaume Apollinaire, André Breton, Henri Matisse ou Claude Lévi-Strauss dont l’incroyable bibliothèque est reconstituée en trompe-l’œil sur un mur photographique géant. Puis viennent les objets, jusque-là jamais considérés comme des œuvres d’art… calebasses du nord Cameroun, robes aux tissus extraordinaires, costumes plus ou moins folkloriques, parures de bijoux ou ornements de plumes, récits de voyages… Et évidemment masques et autres objets rituels. Coup de cœur pour cette œuvre atypique et vivante du musicologue Francis Corpataux, qui combine depuis près de 30 ans des chants d'enfants et autres berceuses du monde entier, présenté ici dans un magnifique condensé de 2 600 chants sur 35 minutes d’enregistrement. Entre histoire de l’art coloniale et pépites de l’art contemporain cosmopolite… cette exposition-expédition est une véritable trouvaille, nous révélant la fabuleuse énergie d’un musée plus vivant que jamais.
LES ACQUISITIONS DU MUSÉE DU QUAI BRANLY
Peut-on imaginer aujourd’hui le Quai Branly sans son musée ? Voilà vingt ans que le bâtiment moderne qui héberge les objets d’arts venus du monde entier et ses agréables jardins font partie du paysage parisien. À l’occasion de cet anniversaire, le Musée du Quai Branly revient sur son histoire.
Depuis sa création, plus de 77 000 pièces ont rejoint l’institution. L’équipe en a sélectionné 500, jalonnant vingt ans d’histoire, chacune étant choisie spécifiquement pour sa dimension emblématique, originale ou symbolique. Mais comment s’est créée la collection au fil des années ? Si dans les premiers temps, les œuvres accueillies venaient principalement du Musée de l’Homme et du Musée des Arts d’Afrique et d’Océanie, elles sont désormais pour la plupart issues de dons. Depuis, la politique d’acquisition a pris une dimension plus personnelle, véhiculant avant tout les valeurs de l’équipe : rendre hommage aux artistes anonymes qui se cachent derrière les œuvres, faire connaître et apprécier du grand public des arts traditionnels parfois incompris, et bien évidemment défendre les cultures d’Afrique, d’Asie, d’Océanie et d’Amériques en voie de disparition. Le spectateur navigue donc au cœur de siècles d’histoire, guidé par des objets extraordinaires, des légendes merveilleuses, des œuvres inédites, chaque pièce nous racontant sa propre histoire. Au cœur de cette déambulation spectaculaire passant d’images d’expéditions d’autrefois aux collections personnelles d’artistes et intellectuels qui rêvaient d’ailleurs comme Apollinaire, Matisse ou Lévi-Strauss, chacun s’interroge : quand cet objet a-t-il été acquis ? D’où vient-il ? A qui a-t-il appartenu ?
L’exposition aborde alors ce que le public ne peut d’ordinaire jamais voir, le faisant pénétrer dans les coulisses des choix d’une acquisition, entre enjeux artistiques et politiques, pour mieux comprendre les rouages d’une institution, ses enjeux, le travail de femmes et d’hommes qui œuvrent dans l’ombre pour nous permettre d’admirer tant de trésors. Se posera aussi la question de la propriété de ces pièces face aux débats actuels sur les restitutions d’œuvres à leur pays d’origine… De quoi nous inviter à poser un nouveau regard – plus critique peut-être – sur notre approche muséale actuelle face à celle de demain. Un anniversaire passionnant pour une institution encore dans sa prime jeunesse.
Welcome to the twenty-years anniversary of the Musée du Quai-Branly ! Discover the exciting story behind its collections of ethnic arts.