Insolite - De l'art moderne pour torturer des détenus
«checas» ou les cellules de l'enfer //
Avez-vous déjà ressenti une douleur devant l'art abstrait de Vassily Kandinsky ? Les tableaux de Paul Klee vous ont-ils déjà torturé l'esprit ? Ou bien avez-vous déjà crié de douleur face au suprématisme de Kasimir Malevitch ? A première vue, non. Et pourtant Alphonse Laurencic a trouvé le moyen de s'en inspirer pour torturer des captifs.
Un livre "El hombre de las checas" vient de sortir en Espagne pour raconter son histoire.
Replonger tout d'abord dans le contexte historique. En Espagne en 1936, le coup d'état de l'armée provoque l'affrontement entre les nationalistes et les républicains du Front populaire.
C'est alors qu'un service de contre-espionnage est créé en 1937 et capture les ennemis nationalistes, anarchistes et communistes. Le but étant de les faire parler, des cellules de tortures sont créées : "les checas". Ce nom fait référence à la police bolchevique.
Laurencic est appelé à participer à la conception de ces cellules de torture. Il dessine d'abord des armoires où les hommes étaient enfermés pendant des heures, incapables de se tenir droit à cause de l'étroitesse. Il a également conçu des cellules entièrement goudronnées et exposées plein sud, de sorte que l'air en était irrespirable. Le lit était incliné de 20 degrés de sorte que le détenus ne puisse pas s'endormir. Il était également impossible de marcher dans la cellule, puisque des briques étaient apposées sur le sol. Pour déstabiliser encore davantage les prisonniers, une horloge était quotidiennement avancée de quatre heures, sans qu'ils ne puissent s'en apercevoir.
Le livre cite : «Laurencic avait travaillé dans le Berlin de la République de Weimar en tant que musicien et décorateur. Il s'est imprégné de toutes les sources de l'école du Bauhaus, très à la mode dans les années où il y a vécu, entre 1926 et 1933»
Qui aurait cru que l'art pouvait aussi être une torture ? Ou que la torture pouvait être un art ...