Actu – On connait enfin le modèle de « L’origine du monde »
Mettre un nom sur un sexe //
Il aura fallu 152 ans pour que les historiens, experts et scientifiques découvrent l’identité du modèle le plus mystérieux de l’histoire de l’art : la femme qui a posé pour le célèbre tableau de Gustave Courbet en 1866, L’Origine du monde.
Selon la thèse de Claude Schopp, il s’agirait de Constance Quéniaux, une ancienne danseuse d’opéra, immortalisée par les plus grands photographes du XIXe siècle, Nadar et Disdéri. Contrairement aux précédentes hypothèses, toutes plus farfelues les unes que les autres, cette piste semble se tenir. En effet, si Claude Schopp n’est pas spécialiste du peintre réaliste, il en connait un rayon sur l’écrivain Alexandre Dumas. C’est dans la correspondance que ce dernier entretenait avec George Sand qu’il tomba sur le nom de Constance Quéniaux. Dans une lettre où il expose ses divergences politiques avec Gustave Courbet – l’un étant hostile à la Commune, l’autre non – voici ce qu’il en dit : « On ne peint pas de son pinceau le plus délicat et le plus sonore l’intérieur de Mlle Queniault de l’Opéra ». Une manière détournée de se moquer du fait de peindre un sexe en gros plan ! Mais la littérature n’est pas la seule preuve dans cette affaire… La pilosité elle aussi correspond, selon la directrice des estampes et de la photographie de la Bnf : chevelure et « beaux sourcils noirs » sont cohérents avec la peinture. Enfin, l’histoire parle d’elle-même : en 1866, la danseuse était l’amante de Khalil-Bey, un diplomate de l’empire ottoman vivant à Paris. Celui-ci n’était autre que le commanditaire du tableau et son premier propriétaire avant que L’Origine du monde ne passe de main en main et n’atterrisse derrière le rideau du psychanalyste Jacques Lacan.
Ce mystère, doublé d’un fantasme, semble donc officiellement résolu. Si vous voulez mener votre propre enquête cependant, vous pourrez toujours comparer : L’Origine du monde vous attend au Musée d’Orsay depuis 1995 et le portrait de Constance Quéniaux sera exposé à la BnF, lors de l’exposition consacrée à Nadar, à partir du 16 octobre. Sera-t-il troublant de la regarder – pour la première fois – dans les yeux ?
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