Lyon - Jean Couty, portraits et compositions
Musée Jean Couty
Du 3 juillet au 15 décembre 2019
Le Musée Jean Couty n’en finira donc jamais de nous surprendre. Cet artiste lyonnais qui marqua le XXe siècle avec sa peinture figurative à une époque où l’on ne jurait que par l’abstraction, nous révèle ici une nouvelle facette. On le surnommait le « peintre bâtisseur », lui qui excellait dans la représentation des cathédrales, chantiers et autres vues de sa ville chérie. Mais l’on connaissait moins le peintre portraitiste. Et pourtant. Révélation ici avec ces portraits de famille d’une rare intensité. Un trait assuré, une couleur vibrante, notre artiste capture le vrai visage de chacun, l’intériorité de l’être plus que sa fidèle représentation physique. Une comédie humaine qui nous présente tour à tour les membres de sa famille, son père - Jean-François -, sa mère – Eugénie -, Henriette qui, une fois entrée au Carmel, devint sœur Christilla, sans oublier Charles, son fils, sans qui rien de toute cette superbe exposition n’aurait été possible. Car il a fallu un travail et une persévérance acharnée pour réunir autant de toiles du maître, dont beaucoup étaient dispersées dans le monde, et pouvoir enfin ouvrir ce musée en 2017. Les proches de l’artiste se laissent ici découvrir, affairés à d’autres tâches ou nous fixant au contraire de manière insistante, comme pour nous adresser la parole. Autant de visages que de rencontres, autant de peintures que de facettes d’un artiste qui n’a pas eu à choisir entre réalisme, expressionnisme ou spiritualisme, ni entre dessin et peinture. Notre artiste excellait dans tout ce qu’il entreprenait, décoré de la Légion d’honneur, commandeur des Arts et des lettres, architecte diplômé, et titulaire du Prix de la Critique en 1950, celui-là même qui fut remis à Bernard Buffet deux années plus tôt. On pourra d’ailleurs admirer dans l’exposition la toile qui reçut ce prestigieux prix, cette « vieille femme endormie ». Et pour ceux qui sont particulièrement attachés à ses célèbres paysages, rassurez-vous, l’exposition présente non seulement ses œuvres indétrônables comme sa chère île Barbe, mais aussi des œuvres qui n’avaient jamais été présentées au public.
De Jean Couty (1907-1991) on connaît surtout les cathédrales, les chantiers et les paysages, mais on connaît moins ses portraits. L’exposition rassemble une cinquantaine de toiles et dessins parmi les centaines réalisés grâce à de multiples rencontres : cette sélection retrace toute la carrière de l’artiste. Gens humbles et solitaires ou gens de prières, proches et amis, personne n’échappe ni à son œil ni à son coup de pinceau. Ce que cherche à retranscrire sur ses toiles Jean Couty, c’est avant tout l’intimité de l’être plus que sa ressemblance. Ce grand peintre humaniste témoin de son temps a constamment le regard tourné vers l’extérieur tout en s’intéressant à l’intériorité de chacun. Il finit toujours par trouver dans l’espèce humaine quelque chose d’universel, qui va de pair avec ses engagements. D’autres œuvres comme de jolies vues de Lyon ou de paysages de ses voyages issus de la collection permanente du musée, accompagnent la visite et permettent d’avoir une vue d’ensemble assez large du travail de l’artiste qui a sans aucun doute peint sa ville natale mieux que quiconque. Le maître est de retour à l’Ile Barbe près de son ancien atelier en son musée et occupe désormais une place unique dans l’histoire de la peinture française.