Esprit es-tu là ? l'exposition qui fait tourner les tables au Musée Maillol

Musée Maillol
Du 10 juin au 1er novembre 2020

Ils se prénommaient Augustin, Victor et Fleury-Joseph, ils étaient mineurs, plombiers ou cafetiers, et un jour, leur vie va basculer. Ces trois artistes exposés au Musée Maillol ont entendu des voix venues de l’au-delà, leur enjoignant de se mettre à peindre, eux qui n’avaient jamais touché aux arts plastiques auparavant. Et ils suivront ce que les esprits leur auront demandé de faire, se consacrant à l’art corps et âme, toute leur vie. Alors au début, reconnaissons que l’on pourrait imaginer des hallucinés ayant abusé de substances illicites, mais détrompons-nous. Quelles œuvres ! Des toiles qui irradient, littéralement. Incroyable précision du détail, sens de la composition dans une géométrie qui touche à la perfection, sophistication extrême et remarquablement maîtrisée, motifs inspirés des références universelles, traditions chrétiennes, hindoues, orientales ou de l’Égypte antique… Les voix que nos artistes spirites ont entendues auraient-elles pu leur insuffler le génie artistique ? Ces trois ouvriers originaires du bassin minier du Nord de la France vont résolument changer leurs vies, guidés par des voix particulièrement visionnaires. Petite précision quand même : Augustin Lesage et Victor Simon pratiquaient comme guérisseurs en parallèle de leur métier et de leur nouvel art… Quand à Fleury-Joseph Crépin, il exerçait comme radiesthésiste. Des âmes connectées en somme.

Ce courant spirite, relativement méconnu est apparu aux Etats-Unis au milieu du XIXe siècle avant de se répandre en Europe, devenant un véritable phénomène de société, entretenu par les guerres qui ébranlent le continent – il y a un vrai besoin de contact avec les morts – puis cultivé par les milieux intellectuels. Les surréalistes en feront l’apologie, comme André Breton ou Victor Brauner qui seront parmi les premiers à collectionner les œuvres de ces artistes, jusqu’à Jean Dubuffet, passionné quant à lui par les artistes sans bagages.

Ces œuvres sont des édifications spirituelles bâties sur des toiles immenses, bien trop imposantes pour pouvoir tenir dans les maisons-ateliers de nos artistes sans le sou. Mais rien ne pouvait les arrêter dans leur élan mystique, ils peindront en enroulant la toile au fur et à mesure, ils travailleront toujours plus pour exécuter cette demande étrange qui leur a été faite, sans chercher à comprendre. Le message les transcende. La voix entendue par Augustin Lesage, le cueille dès 1911, lui, mineur de 36 ans, qui n’a jamais éprouvé aucun intérêt pour les arts plastiques. Jusqu’à ce que la grâce ne s’abatte sur lui. « Un jour tu seras peintre », lui révèle-t-elle. Augustin exécute plusieurs dessins sous la dictée des esprits dès 1912, avant de commencer sa première toile de 9 m² en 1913. Un parallèle étrange s’opère dans ses toiles, l’iconographie des symboles et effigies issus de l’Égypte antique, ses couloirs longilignes interminables qui mènent aux tombeaux semblent ici se substituer aux longues galeries de la mine…

Victor Simon osera lui aussi l’impensable, se rendre à la mine la journée, usé par le dur labeur et la tragique proximité des champs de bataille de la Première Guerre mondiale, et peindre la nuit, lui qui n’avait jamais tenu un pinceau… C’est en juillet 1933, quelques années après avoir assisté à une séance de spiritisme, qu’il reçoit une mission des esprits lui ordonnant de créer sa première toile, nommée « Résurrection ». Dès lors, la vie de Simon est dévolue à la spiritualité. A la veille de sa mort en 1976, il révèlera qu’il avait peint « plus de 70 m² d’enseignement ».

Plus tardif, Fleury Joseph Crépin, serrurier, plombier, quincailler, réceptionnera un message bien singulier lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate. Il reçoit une mission de la part de voix mystérieuses : « Quand tu auras peint 300 tableaux, ce jour-là la guerre finira… Après la guerre tu feras 45 « tableaux merveilleux » et le monde sera pacifié. » Ainsi le 7 mai 1945, Crépin achève sa 300e toile, la veille de la capitulation de l’Allemagne. Il décède le 10 novembre 1948, ayant achevé 43 de ses 45 tableaux pacificateurs. Approchez-vous de ses œuvres et observez à quel point les motifs et formes architecturales peints par Crépin sont influencées par les guerres qui ont ravagé l’Europe. Les drapeaux des alliés y prennent l’apparence de mantras magiques, ses temples sont autant de références au style néo-byzantin des nombreuses églises reconstruites pendant l’entre-deux-guerres dans la région.

La dimension spirituelle est omniprésente dans leurs œuvres, tous trois sont porteurs de belles nouvelles, ils peignent pour que le « Bien » règne sur la Terre, se faisant les ambassadeurs de messages de paix. Fleury-Joseph Crépin aimait d’ailleurs dire que ses toiles pouvaient protéger les maisons et leurs hôtes. Des œuvres aux correspondances troublantes, spirituellement connectées, magnifiquement exposées.

 

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Peintures spirites

En 1853, alors qu’il est exilé sur l’île de Jersey, Victor Hugo est initié par la poétesse Delphine de Girardin à une nouvelle science : celle des « tables tournantes ». Après quelques séances, au cours desquelles il communique avec l’esprit de personnes mortes – dont celui de Léopoldine, sa fille décédée, Shakespeare, Molière, Racine, Jésus-Christ et Mahomet ! –, l’écrivain tombe sous le charme de cette pratique promise à un bel avenir.

Venu tout droit des Etats-Unis, le courant spirite devient rapidement, au milieu du XIXe siècle, un phénomène de société européen, favorisé par les guerres qui secouent le continent, puis cultivé par les milieux intellectuels. Bien qu’il s’essouffle au tournant du siècle, le mouvement continue de fasciner dans certains milieux.

C’est le cas d’Augustin Lesage, Victor Simon et Fleury-Joseph Crépin, tous trois originaires du Nord de la France et issus de milieux modestes, que rien ne prédestinait à la peinture – jusqu’à que ce que des voix les enjoignent à peindre, devenant ainsi des messagers de l’au-delà. Augustin Lesage commence à peindre en 1911, après qu’une voix lui ait révélé sa vocation dans le couloir d’une mine : « Un jour tu seras peintre ».

Victor Simon, considéré par Augustin Lesage comme son continuateur, crée sa première toile en 1933 à la suite d’une révélation similaire. Fleury Joseph Crépin, enfin, commence à peindre en 1939, à l’âge de 64 ans. Quand éclate la Seconde Guerre mondiale, des voix mystérieuses le missionnent : « Quand tu auras peint 300 tableaux, ce jour-là la guerre finira... » Il achèvera son trois-centième tableau le 7 mai 1945, la veille de l’Armistice …

Le Musée Maillol rend hommage à ces trois artistes, les principaux peintres spirites de la fin du XIXe et du début du XXe siècle, dans une exposition qui nous emmène vers le monde des esprits. Influences chrétiennes, hindoues, orientales ou encore égyptiennes se mêlent dans la centaine d’œuvres présentées ici, dominées par l’ornement et la symétrie. On découvre un monde étonnant où les formes géométriques architecturales, les motifs floraux et les figures religieuses d’Augustin Lesage semblent répondre aux temples, personnages et animaux mystérieux peints par Fleury Joseph Crépin.

L’exposition, complétée par des œuvres de Victor Brauner, André Breton, Robert Desnos, Paul Eluard et Kandinsky, souligne également la survivance des pratiques spirites et leur rayonnement au-delà de la peinture. Prêt à faire tourner les tables ?

Have you heard about spiritualism ? Discover the strange works of Augustin Lesage, Victor Simon and Fleury-Joseph Crépin, three spiritualist painters from the late 19th and early 20th centuries.

MODALITÉS DE VISITE

Afin de garantir la sécurité des visiteurs, des modalités spéciales de visites sont prévues :
Réservation obligatoire par internet de la plage horaire de visite
Port obligatoire du masque tout au long de la visite
Contrôle de la température à l’entrée
- Mise à disposition de gel hydroalcoolique 
- Maintien d’une distance de 1 mètre avec les autres visiteurs
- Les groupes ne sont pas admis

Pour des raisons de sécurité, le nombre de visiteurs sera fortement réduit.
Le personnel sera équipé de masques et les comptoirs d’accueil de parois vitrées.

Réservation obligatoire

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