Coronavirus: le peintre Raphaël aurait succombé à la maladie
Malgré le mythe populaire qui affirme que le peintre serait mort de la syphilis, plusieurs experts s'accordent à dire que son décès semble davantage lié à une « maladie de type coronavirus ». C'est en effet une sorte de pneumonie qui aurait emporté le peintre et architecte préféré du Vatican en 1520, alors qu'il n'était âgé que de 37 ans. Malgré la dépêche par le pape Léon X des meilleurs médecins de Rome, le malade succombe d'une infection dont les symptômes rappellent étrangement ceux que causent la famille dite des coronavirus.
Vasari, dans Les Vies des meilleurs peintres, sculpteurs et architectes, chef-d’œuvre biographique publié en 1550, décrit la vie tumultueuse du jeune peintre en citant ses « fréquentes sorties nocturnes dans le froid » pour rejoindre ses maîtresses. Ce n'est pas la mention de ces amantes qui ont retenu l'attention des experts, mais bien la récurrence de ces virées dans le froid hivernal. Les médecins, selon Vasari, ont diagnostiqué une forte fièvre, causée d'après eux par un « excès d'humeurs » ou de sang, qu'ils ont tenté de réguler à l'aide de sangsues - technique qui a de facto mortellement affaibli l'enfant prodige de la Renaissance italienne.
Une courte étude publiée dans le Journal officiel de la société italienne de médecine interne, avant que l'épidémie ne s'empare du nord de l'Italie en février dernier, précise en effet que « Raphaël est mort d'une maladie pulmonaire très similaire au coronavirus que nous connaissons aujourd'hui ».
La médecine médiévale et la théorie des humeurs
Selon Hippocrate et ses contemporains, la nature de l’homme est à l’image de celle de l’Univers, lui-même constitué de quatre éléments (air, eau, feu et terre) et de quatre saisons. La vie de l'homme était donc perçue au travers du prisme des saisons: printemps, été, automne, hiver, et son corps constitué de quatre humeurs aux propriétés différentes issues des quatre éléments - la bile jaune (feu), la bile noire (terre), la lymphe (eau) et le sang (air). Depuis ce traité et jusqu'au siècle des Lumières, la très grande majorité des médecins occidentaux demeure convaincue que lorsqu'elle n'est pas due à un traumatisme, la maladie est le fruit d'un déséquilibre des rapports entre les quatre humeurs à laquelle il faut répondre par l'évacuation de celles-ci par les saignées et autres purges.
Un théorie loufoque mais en vogue
C'est d'ailleurs la médecine dont se moque Molière dans un grand nombre de ses comédies, comme ici, dans cette célèbre scène du Médecin malgré lui, lorsque Sganarelle élabore un discours prétendument savant en justifiant le mutisme de Lucinde par le déséquilibre de ses humeurs:
SGANARELLE - « Je tiens que cet empêchement de l’action de sa langue, est causé par de certaines humeurs qu’entre nous autres, savants, nous appelons humeurs peccantes, d’autant que les vapeurs formées par les exhalaisons des influences qui s’élèvent dans la région des maladies, venant... pour ainsi dire... à... Entendez-vous le latin ? [...] Lesdites vapeurs ont une certaine malignité... [...] Qui est causée par l’âcreté des humeurs, engendrées dans la concavité du diaphragme, il arrive que ces vapeurs... Ossabandus, nequeys, nequer, potarinum, quipsa milus. Voilà justement, ce qui fait que votre fille est muette.
GÉRONTE.- On ne peut pas mieux raisonner sans doute. Il n’y a qu’une seule chose qui m’a choqué. C’est l’endroit du foie et du cœur. Il me semble que vous les placez autrement qu’ils ne sont. Que le cœur est du côté gauche, et le foie du côté droit.
SGANARELLE.- Oui, cela était, autrefois, ainsi ; mais nous avons changé tout cela, et nous faisons maintenant la médecine d’une méthode toute nouvelle. »
Molière, Le Médecin malgré lui, acte II, scène 4, 1666.
À voir jusqu'au 30 août
Une exposition consacrée à Raphaël au domaine de Chantilly.