Paris-Athènes : L'exposition évènement du musée du Louvre
Musée du Louvre
Du 30 septembre 2021 au 7 février 2022
Direction le musée du Louvre pour découvrir la nouvelle exposition « Paris-Athènes » qui retrace à travers 360 œuvres près de 250 ans de liens artistiques, culturels et historiques entre la Grèce et la France. Vaste projet qui ambitionne de dépoussiérer les stéréotypes et de révéler une nouvelle facette de la Grèce moderne.
1675, c’est le point de départ. La France découvre Athènes sous Louis XIV grâce au Marquis de Nointel.
1821, c’est le début de la guerre d’indépendance, soutenue militairement et financièrement par la France, le Royaume Uni et la Russie, afin de libérer la Grèce de l’emprise Ottomane. C’était il y a exactement 200 ans. Le poète anglais Lord Byron rejoindra le combat et mourra tragiquement dans la ville de Missolonghi assiégée. Un terrible épisode dont Eugène Delacroix se fera le témoin avec ce tableau emblématique. 1821, c’est aussi le moment où la célèbre Vénus de Milo entrera au Louvre. Statues, poteries, bijoux, costumes, mobilier ou tableaux, l’exposition déroule des trésors inestimables qui rendent compte de cette période mouvementée, suivie d’échanges européens qui verront naître le style de la Grèce moderne, marquée d'influences byzantines, orthodoxes, européennes et en particulier françaises. Une exposition riche, parfois peut-être trop, qui demande du temps pour être appréhendée dans son ensemble sans prendre de trop rapides raccourcis. Nous découvrons un nouveau visage de la Grèce, loin des canons du classicisme immaculé.
Genèse de la Grèce moderne
On connaît d’elle les récits triomphants des conquêtes d’Alexandre le Grand, le foisonnement merveilleux de ses arts et de sa sculpture classique, la domination hégémonique d’une civilisation sur le reste du monde. Mais que dire de la Grèce moderne ? Le musée du Louvre lève le voile sur cette Histoire méconnue en mettant en lumière huit moments clés ayant conduit à la définition d’une identité grecque moderne, de la redécouverte de son passé byzantin à ses participations successives aux « Exposition universelles » à l’aube du XX e siècle. À travers une riche sélection d’œuvres antiques jusqu’aux travaux du groupe Techni, proche de l’avant-garde européenne dans les années 10, l’exposition caresse les contours d’une naissance tortueuse amorcée sous occupation ottomane, nourrie par un passé glorieux et ses relations privilégiées avec la France et l’Allemagne.
Le saviez-vous ?
Dès la Renaissance, on célèbre la blancheur ivoirine des marbres, temples et statues exhumées. Les artistes contemporains réalisent des copies, blanches elles aussi. Synonyme de classicisme et de beauté, ces sculptures d’albâtre incarnent alors la perfection esthétique absolue. Ce n’est qu’à la fin du XVIII e siècle, que deux archéologues britanniques, James Stuart et Nicholas Revett, identifient des traces de polychromie criardes sur des
fragments. Le mythe de la Grèce blanche s’effondre.
À la loupe dans l’expo
La Grèce sur les ruines de Missolonghi - Eugène Delacroix (1826)
Philhellène assumé, Eugène Delacroix suit avec attention les événements de la guerre d’indépendance grecque contre le joug ottoman. Si le peintre romantique ne s’engage pas directement dans la lutte armée, l’artiste défend la cause indépendantiste depuis son atelier. Deux ans après son effroyable Scène des massacres de Scio, Delacroix suscite de nouveau l’indignation avec son allégorie d’une Grèce défaite. Le peintre, qui souhaite avant tout alerter l’opinion public européenne, prête à la Grèce les traits d’une jeune femme en costume traditionnel à la beauté diaphane. La poitrine découverte, les bras ouverts, l’allégorie – vierge antique promise au sacrifice – erre sur les ruines d’une ville martyre. Exposée en 1826 à la Galerie Lebrun, la toile réunira des fonds publics pour soutenir la
révolte depuis Paris.