Pays-Bas : une réinterprétation de La Jeune fille à la perle par intelligence artificielle suscite le scandale
Cela fait maintenant depuis des années que l’art contemporain a subi d’importantes mutations, notamment à travers l’arrivée des NFT sur le marché. Plus que jamais, les œuvres semblent perdre de leur matérialité au profit d’images numériques. Révolution pour certains, tragédie pour d’autres, les intelligences artificielles suscitent de nombreux débats au sein de celui plus large de la numérisation de l’art.
Le dernier scandale en date a eu lieu il y a quelques jours, à l’occasion d’une exposition temporaire organisée aux Pays-Bas au Musée Mauritshuis, du 6 février au 4 juin 2023. Célèbre pour être le détenteur de La Jeune fille à la Perle (1665) de Johannes Vermeer, l’établissement a exceptionnellement prêté ce chef-d’œuvre au Rijksmuseum à Amsterdam, en l’honneur de l’exposition majeure dédiée à Vermeer. Pour remédier à cette absence, le musée a eu la brillante idée d’inviter les artistes du monde entier à réinterpréter le tableau, via le compte Instagram @mygirlwithapearl. Sur les 3500 participations, 5 ont été encadrées au Musée Mauritshuis, dont une version par intelligence artificielle qui a particulièrement attiré l’attention des internautes.
Réalisée par l’artiste Julian van Dieken à l’aide des logiciels Midjourney et Photoshop, l’œuvre se révèle saisissante pour son hyperréalisme et ses jeux de lumière, poussés jusqu'au scintillement de ses boucles d’oreille. Cette version de La Jeune fille à la Perle offre une vision contemporaine du tableau, marquée par une mise en avant des canons de beauté actuels. Ses grands yeux bleus, son nez fin et sa bouche pulpeuse, incarnation par excellence d’une beauté artificielle, n’ont cependant pas fait l’unanimité. Si les commentaires sous la publication postée par l’artiste ont depuis été supprimés à la suite d’une vague de haine, ces derniers remettaient en cause la légitimité de l’œuvre : « Vous ne soutenez pas les artistes quand vous postez des images volées : tous les jours on voit de nouvelles personnes accepter l'IA [intelligence artificielle] comme si c'était quelqu'un qui bossait depuis 20 ans pour s'améliorer. ». Pour répondre à cette polémique associant l'intelligence artificielle à du plagiat, puisqu’elle utilise des images préexistantes, le musée a avoué avoir avant tout sélectionné l’œuvre pour une question de goût : « Nous avons simplement regardé ce que nous aimions. Est-ce créatif ? C'est une question difficile. ». Et vous, considérez-vous les artistes utilisant Photoshop comme légitimes ?
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