A la loupe - James Tissot, Portrait du Marquis et de la Marquise de Miramon
James Tissot, Portrait du Marquis et de la Marquise de Miramon, 1865
LE PEINTRE DE LA BOURGEOISIE
James Tissot mériterait sans aucun doute le titre de peintre officiel de la bourgeoisie. Admirable portraitiste, le peintre est très apprécié par les aristocrates et les nouveaux riches qui lui commandent d’imposants portraits. On comprend aisément pourquoi lorsque l’on est face à celui du Marquis et de la Marquise de Miramon. Réalisé en 1865, ce portrait familial offre un sommet de délicatesse et de tenue, deux qualités très prisées sous le Second Empire. Le peintre représente le marquis de Miramon et sa femme Thérèse, sur la terrasse du
château familial, posant avec leurs deux premiers enfants. Un charme fou émane de cette composition audacieuse où le sérieux aristocratique se trouve assoupli par quelques détails, tels que la pose contractée du marquis, le regard détourné du jeune garçon – qui semble trouver bien long le temps de pose –, les joues rosées du poupon ou bien encore l’attitude débonnaire du chien.
UN ANGLOPHILE CONVAINCU
En choisissant un cadre naturel pour ce portrait, chose assez rare en France, Tissot ne cache pas son attirance pour la tradition anglaise du portrait aristocratique situé à la campagne. Cette anglophilie se manifeste dès 1859, lorsqu’il abandonne son nom de baptême, Jacques-Joseph, pour adopter celui de James, au charme britannique évident. En 1871, il part même s’installer en Angleterre, en quête de gloire dans le pays qui l’attire tant. C’est là-bas qu’il rencontre Kathleen Newton,jeune Irlandaise d’une vingtaine d’années.
Elle sera sa muse jusqu’en 1882, date à laquelle elle est emportée par la tuberculose. Tissot revient alors en France, sans pour autant oublier l’Angleterre. Les Préraphaélites Dante Gabriel Rossetti et John Everett Millais, que Tissot fréquente lorsqu’il est à Londres, ne sont d’ailleurs peut-être pas étrangers aux notes automnales du portrait du Marquis et de la Marquise de Miramon.
LA PASSION DU TISSU
Ce portrait étonnant illustre également à merveille les talents de « styliste » de Tissot. Fils d’un drapier et d’une modiste, il a grandi dans des montagnes de draps, de taffetas et de chapeaux sous lesquelles on l’imagine jouer à cache-cache. C’est donc à sa manière, en portant une attention particulière aux étoffes dans ses tableaux, qu’il prolonge la passion familiale pour la mode. Malgré leurs couleurs tristes, celles peintes ici démontrent une maîtrise incomparable du drapé, associée à une élégance que peu de peintres arriveront à atteindre.
Pour retrouver notre article sur l'exposition James Tissot au Musée d'Orsay c'est ici.