Le festival de la BD d'Angoulême s'expose en gare(s)
Comme de nombreux événements culturels, le festival de la bande dessinée d'Angoulême, qui a dévoilé ce week-end ses lauréats, a dû revoir ses plans : reporté en juin prochain, le festival a décidé de déployer ses œuvres dans plus de quarante gares de France.
Paris, Orléans, Nantes, Lille, Metz, Avignon,... Jusqu'à la mi-février, ce sont désormais des centaines d'artistes de bande dessinée qui sont exposés dans une quarantaine de gares dans toute la France. Au total, ce sont 84 œuvres et leurs 120 artistes qui bénéficient de cette campagne. Une initiative qui entend faire la part belle aux auteurs de bande dessinée. La gare, lieu de passage par excellence, où toutes les générations se croisent, était le lieu idéal pour exposer ces planches. La SNCF, partenaire du festival depuis maintenant quinze ans, a souhaité soutenir ce rendez-vous incontournable qui réunit chaque année des milliers d'auteurs, de journalistes et d'amoureux inconditionnels de la BD. Les voyageurs pourront par exemple découvrir quelques planches de l'Âge d'or de Cyril Pedrosa et Roxanne Moreil (dont le 2e volume s'est écoulé à 40 000 exemplaires) à la Gare du Nord, Le Dernier Atlas à Nantes, Billy Noisettes de Tony Millionaire en gare d'Orléans ou Vernon Subutex de Virginie Despentes à Strasbourg, et tant d'autres.
Néanmoins, de nombreux auteurs de bande dessinée se sont indignés de cette initiative, n'étant point rémunérés pour ces affichages, pointant du doigt le manque de reconnaissance de leur statut professionnel et de leurs conditions de travail très précaires. Ainsi une tribune signée par plus de 700 auteurs, diffusée avant la remise des prix qui attribua le Fauve d'or du meilleur album à Landis Blair et David Carlson pour leur roman graphique L'accident de chasse, avait appelé au boycott du festival qui doit se tenir en juin prochain.
Le paradoxe vient donc du fait que les auteurs de BD vivent encore pour beaucoup en dessous du seuil de pauvreté alors que la bande dessinée reste un secteur très lucratif. Un parc d'attraction autour de l'univers de la bande dessinée (avec des licences très populaires comme Boule & Bill, Gaston Lagaffe, le Marsupilami, etc.) doit d'ailleurs voir le jour en 2023 près d'Angoulême, juste à temps pour les cinquante du festival.