Riom - Les images sont inadmissibles
Musée Mandet
Jusqu'au 13 novembre 2019
Confronter art ancien et création contemporaine est toujours un exercice passionnant. Des rapprochements qui semblent au premier abord parfois incongrus mais qui soulignent la récurrence de certains thèmes ou questionnements à travers l’Histoire de l’Humanité. Le Musée Mandet accueille ici au cœur de ses collections classiques, les œuvres contemporaines du FRAC Auvergne. Choc des cultures, Choc des époques ? Les images sont inadmissibles nous dit-on… Doit-on croire tout ce que l’on voit ? Dans un monde régi par l’image, tantôt fake ou photoshopée, volée ou détournée, littérale ou sortie de son contexte, l’exposition nous interroge sur l’importance que nous prêtons aux images et notre capacité à les comprendre et à les interpréter. A l’heure d’internet, de l’information continue et instantanée, ces questions intemporelles sont devenues centrales dans nos débats de société. Les images ne sont jamais ni objectives ni impartiales. Elles ne traduiront jamais qu’un regard, un point de vue, une part de réalité, jamais le réel. Sans oublier l’intention du créateur de l’image, qu’il soit peintre ou photographe, pour quel usage a été réalisée cette image, à qui était-elle destinée, à quelle époque ? Les informations permettent un décryptage et évitent une crédulité de lecture que l’Histoire nous a montré pouvoir être éminemment dangereuse. Elles convoquent notre sens critique. Prenez cette photographie de presse prise par le photographe algérien Hocine Zaourar au lendemain du massacre de Bentalha, le 23 septembre 1997, qui avait fait la une de plusieurs centaines de quotidiens à travers le monde, pour être immédiatement baptisée La Madone de Bentalha, rappelant par sa posture de douleur l’iconographie chrétienne, et devenant dès lors un symbole atemporel des massacres contemporains. C’est là tout l’enjeu de l’exposition, nous inviter à réfléchir au gouffre qui existe entre l’image, son intention d’origine, et le décodage qu’on en fait selon notre époque, la lecture de cette image selon notre prisme culturel, social, et notre sensibilité. Une invitation à mieux comprendre les fondements de notre sens critique, à travers l’art.
Sans doute que les images sont inadmissibles, si l’on attend d’elles qu’elles soient un calque parfaitement objectif et impartial de la réalité. Seulement une image n’est pas neutre, car elle contient derrière elle une intention, un contexte politique, religieux et devient une vision singulière du monde - souvent influencée par l’émotion et les opinions personnelles de celui qui modèle l’information. Pour
autant nous ne sommes pas dupes et pouvons trouver les ressorts de sa construction afin de révéler ses propres artifices. Pour cela, la confrontation entre art ancien et création contemporaine est riche de sens, et le musée Mandet a donc osé le rapprochement en convoquant des œuvres du FRAC Auvergne. Une photographie de presse qui a connu un immense retentissement il y a une quinzaine d’années a été prise par le photographe algérien Hocine Zaourar au lendemain du massacre de Bentalha, le 23 septembre 1997, à l’entrée de l’hôpital qui avait accueilli les victimes. Dès les jours suivants, cette photo a fait la une de plusieurs centaines de quotidiens à travers le monde, pour être immédiatement baptisée La Madone de Bentalha. Face à cette femme voilée qui s’effondre de douleur contre un mur, la tête renversée en arrière, bouche ouverte, soutenue par une autre, comment ne pas penser immédiatement à l’iconographie chrétienne de la douleur, comme un symbole atemporel, en mémoire des massacres contemporains.
MUSÉE MANDET
Jusqu'au 13 novembre
14 Rue de l'Hôtel de ville, 63200 Riom