Le mythe de Don Juan, qui symbolise un homme séducteur, manipulateur, dénué de toute morale, est l'une des oeuvres phares du répertoire de l'opéra, sans cesse repris. Ivo Van Hove choisit de nous présenter un homme au coeur de pierre, dont la froideur est symbolisée par un décor sombre, sans artifice, dans cette représentation filmée et disponible en accès libre sur le site de l'Opéra de Paris,  jusqu'au dimanche 29 mars.

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On voit évoluer Don Giovanni dans cette cité obscure, tenter de violer une jeune femme, Anna, de séduire une future mariée, Zerlina et de repousser celle à qui il a promis monts et merveilles pendant de longs mois, Donna Elvira. "Les femmes me sont plus nécessaires que le pain que je mange et l'air que je respire", avoue sans aucune honte Don Juan. Mais celles-ci commencent à lui résister, à mettre en cause ses promesses non tenues :  la descente aux enfers du tombeur est amorcée. Cet homme mesquin va pourtant tenter milles ruses pour continuer à séduire des femmes, jusqu'à se faire passer pour son serviteur, Leporello. Le génie du metteur en scène réside alors dans la ressemblance frappante entre les deux comédiens :  de grande taille, ils sont bruns tous les deux et portent la barbe, ce qui rend la confusion de Donna Elvira aisée.

Même si Donna Elvira se laisse abusée par cet odieux stratagème, Don Juan va connaître la punition divine. Rappelons que ce personnage de fiction est apparu pour la première fois dans la pièce de théâtre de Tirso de Molina, en 1630, une époque où le théâtre devait édifier le monde.

Il faudra attendre la dernière scène pour voir apparaître des fleurs colorées et pour qu'un éclairage moins blafard succède à ce noir inquiétant.