La création contemporaine est à l'honneur cette semaine à l'Opéra Comique ! Pendant le confinement, l'institution propose aux spectateurs de redécouvrir certaines de ses plus belles productions. Pour cette première série de spectacles, l'Opéra Comique nous propose de (re)découvrir dès aujourd’hui pas moins de quatre productions sur leur site !

Créée en 1714, la célèbre institution présente chaque année au public francilien une ou deux créations contemporaines. Ces dernières années, sous la présidence d’Olivier Mantei, ont été particulièrement riches de ce point de vue. Shakespeare, drame, baroque ou électro : on vous présente les quatre productions disponibles en ligne qui nous offrent un panorama de la production opératique contemporaine !

Macbeth Underworld de Pascal Dusapin (2019)

Créé le 20 septembre 2019 à Bruxelles, ce nouvel opéra de Pascal Dusapin – l’un des compositeurs français contemporains les plus joués dans les salles de concert – devait être présenté pour la première fois au public français ce mercredi 25 mars. Le livret original a été écrit par Frédéric Boyer d’après Macbeth de William Shakespeare.

L’histoire :

Tous sont morts, mais certains ne le savent pas : Macbeth, Lady Macbeth, le spectre de Banco, l’enfant... Cet enfant mort est la pierre angulaire de la culpabilité qui hante les Macbeth. Enfermés dans des limbes opératiques, ils sont condamnés à revivre leur passé, dans un outre-monde gardé par des êtres de cauchemar.

La mise en scène spectaculaire et effrayante est signée Thomas Jolly, petit prodige de théâtre contemporain qui avait déjà ébloui les spectateurs du Comique avec sa très belle version de Fantasio d’Offenbach (qui sera reprise fin 2020) et qui régalera les amateurs de comédies musicales à la rentrée avec sa mise en scène de Starmania à la Seine musicale. Il nous entraîne dans un monde fantastique et cauchemardesque à la limite du grotesque. Saisissant !

L’Inondation de Francesco Filidei et Joël Pommerat (2019)

Ecrit à quatre mains par le compositeur italien Francesco Filidei et le dramaturge français Joël Pommerat– chose rare dans le monde de l’opéra – d’après une nouvelle d’Evgueni Zamiatine, L’Inondation est une œuvre sombre et dense qui nous plonge au cœur d’un trio

L’histoire :

Parce qu’ils ne peuvent pas avoir d’enfant, deux époux finissent par adopter une orpheline. L’adolescente se fait une place imprévue dans leur foyer et dans leurs cœurs. Dans ce faubourg de Saint-Pétersbourg, la parole entre les époux s'est raréfiée et les silences deviennent pesants. Le monde que la femme s’est construit pour surmonter la tristesse de sa vie affective va se dérégler tandis qu’en cette fin d’hiver montent les eaux du fleuve.

La mise en scène est confiée à Joël Pommerat, l’un des metteurs en scène les plus en vue de ces dernières années (Cendrillon, La Réunification des deux Corées, Fin de Louis). Sur scène est recréée la coupe d’un immeuble qui nous permet de suivre simultanément la vie de différents foyers. Impressionnant !

Kein Licht (2017)

Bouleversée par le séisme et le tsunami en résultant qui ravagent la côte orientale du Japon le 11 mars 2011, l’écrivaine autrichienne Elfriede Jelinek – prix Nobel de littérature en 2004 – entame l’écriture de Kein Licht, variation de monologues qui disent l’effroi, la douleur, la perte, la colère.

Familier de ses textes qu’il met régulièrement en scène, Nicolas Stemann rejoint l’aventure en tant que metteur en scène accompagné du compositeur français Philippe Manoury, qui travaille sur l’interaction entre acoustique et informatique et explore volontiers les nouvelles formes d’un théâtre musical.

L’œuvre, qualifiée de « thinkspiel » – néologisme créé à partir de l’anglais think, penser, et de l’allemand Spiel, jeu, en hommage au Singspiel allemand –, nous offre une réflexion visuelle et polyphonique, interactive et non dénuée d’humour, sur la place de la technologie dans nos vies er sur la place de la vie face à la technologie.

Chaque représentation est différente de la précédente grâce à la part d’aléatoire délibérément introduite dans les logiciels de traitement électronique des voix et de la musique. Un projet complètement barré !

Et in Arcadia Ego (2018)

Plutôt que de monter un opéra de Rameau, trois artistes décident d’en créer un nouveau partir des musiques de Jean-Philippe Rameau, célèbre compositeur baroque français. Et in Arcadia Ego est une création lyrique étonnante qui mêle trois univers et trois artistes : Christophe Rousset, chef d’orchestre et claveciniste, Éric Reinhardt, romancier, et Phia Ménard, plasticienne, jongleuse et chorégraphe.

L’histoire :

Marguerite, femme jeune en apparence bien qu’âgée, lucide et rêveuse, est submergée par un « big-bang intérieur » lorsqu’elle succombe à une tentation faustienne : connaître des décennies avant la date de sa mort. Le jour approchant, elle se retrouve catapultée dans une série d’espaces mémoriels de sa vie, sans plus pouvoir y présider.

Et in Arcadia Ego est une œuvre surréaliste, un conte où chacun peut se projeter. Phia Ménard signe une mise en scène organique qui mêle différents éléments naturels (la glace, la lumière, le vent et l’eau). Une œuvre absolument étonnante.