Passée au crible : Renoir, père et fils, comme au cinéma.
Musée de l'Orangerie
Du 17 octobre 2018 au 14 janvier 2019
Du 17 octobre 2018 au 14 janvier 2019 -
Musée d'Orsay //
Si vous en avez assez des accrochages vus et revus, voire même survendus, nous vous proposons une petite pépite, inattendue et originale comme on les aime. Et quoi de mieux pour introduire cette exposition franco-américaine (organisée en collaboration avec la Fondation Barnes, à Philadelphie) que la mention du grand cinéaste américain Orson Welles ? Ce dernier était un très bon ami du cinéaste français Jean Renoir. Mais quel est le rapport avec l’art et les musées, me direz-vous ? Dans un article publié en 1979, peu après la mort de Renoir, et intitulé (en anglais) « Jean Renoir : le plus grand de tous les réalisateurs », Welles mentionne la difficile relation qu’entretenait le cinéaste avec son père. En effet, on oublie parfois la filiation entre le peintre Pierre-Auguste Renoir et le cinéaste Jean Renoir tant les deux ont marqué leur époque. Alors que Pierre-Auguste a une place de choix au musée d’Orsay et ravit les visiteurs du monde entier avec ses tableaux impressionnistes, l'héritage de Jean est lui mis en lumière à la Cinémathèque française. Père et fils sont aujourd'hui réunis dans une seule et même exposition. Pour Jean, qui a une vingtaine d’années quand il perd son père en 1919, l’héritage et le patronyme du peintre, que les plus fortunés s’arrachent partout dans le monde, sont parfois durs à porter. Il lui semble ainsi être passé « par des périodes où je faisais tout pour échapper à cette influence à d’autres où je me gavais de formules que je croyais tenir de lui ». Cette relation ambiguë faite d’amour et de rejet est explorée en huit thématiques émouvantes, qui nous plongent littéralement dans les vies distinctes et complémentaires des deux artistes ayant eu une renommée mondiale. On apprend par exemple que Gabrielle Renard, l’un des modèles préférés du fils et nourrice du fils (les deux sont tendrement représentés dans le tableau Gabrielle et Jean), viendra rejoindre ce dernier aux États-Unis dans les années 1950, là où il a choisi de partir vivre. Saviez-vous aussi que le dernier modèle de Pierre-Auguste deviendra l’épouse du fils Renoir ? Au fur et à mesure de ce parcours nostalgique, intime et saisissant, on découvre les liens puissants qui unissent les deux hommes et transcendent leur relation à travers le temps et l’espace. Ne ratez pas cet accrochage pluridisciplinaire surprenant (comprenant des tableaux, extraits de films, photographies, manuscrits, costumes, affiches et dessins) qui rend un très bel hommage à cette relation père-fils hors du commun, et qui vous permettra de (re)découvrir l’univers cinématographique de Jean Renoir, de Boudu sauvé des eaux à La règle du jeu.