Saint-Etienne - Pierre Buraglio
Musée d'art moderne et contemporain de Saint-Etienne Métropole
Du 8 juin au 22 septembre 2019
Direction le musée d’Art moderne et contemporain de St Etienne pour une exposition consacrée à l’artiste contemporain Pierre Buraglio. Un artiste socialement engagé – qui ira même jusqu’à mettre sa carrière artistique en stand-by pour militer –, mais qui retournera à sa peinture indéfectiblement et de manière toujours plus avant-gardiste. Le musée de St Etienne a depuis des décennies soutenu notre artiste et lui organise cet été sa première rétrospective d’ampleur autour de près de 200 œuvres. L’occasion pour nous de revivre 60 ans de carrière artistique, commençant par ses peintures figuratives des débuts, des œuvres qui laisseront progressivement la place à des collages, montages ou agrafages à partir de chutes de toiles, rubans adhésifs, pages de journaux, et même des contours de fenêtres, des emballages de Gauloises ou des portières de voitures ! Tout y passe, même des rebus trouvés par-ci par-là dans la rue. Notre artiste frondeur crée un art qui repose sur le réemploi des matériaux, mais aussi le réemploi des idées ou même des icônes de la peinture classique comme avec ses « dessins d’après »… Giotto, Rodin ou encore Matisse. Une approche résolument novatrice dans les années 70-80. Pour lui, peindre, c’est composer. Refusant la peinture de chevalet – ce qui lui vaudra d’ailleurs le surnom de « peintre sans pinceau » – Buraglio s’attachera toujours à privilégier le matériau, constituant des images en superposant de multiples couches, d’idées ou matières, peu importe. Quand on observe ses œuvres éclatées, recomposées, camouflées, leurs couleurs vives qui s’alternent avec des tons neutres, on ressent toute la poésie rock d’un artiste expérimentateur, qui aura osé mettre la démarche artistique au cœur de l’œuvre. Ici on ne s’attache pas tant au résultat, qu’à la démarche, aux étapes de construction de l’œuvre, visibles comme les mécanismes d’une horloge, une narration du temps passé, et par là même du geste de l’artiste.
Refusant le tableau de chevalet au profit d’une image constituée de multiples couches, Pierre Buraglio est un artiste du support et de la matière. Vous pourrez en mesurer le faste à travers une centaine d’œuvres retraçant les grandes étapes de sa carrière allant de 1960 à aujourd’hui. Parfois proche du patchwork, il alterne les techniques, entre collages, dessins, assemblages, camouflages, agrafages... Inscrivant très tôt la peinture dans un procédé mécanique. Ses toiles peintes ne sont jamais de simples aplats, Buraglio s’amuse à les découper en triangles irréguliers, en fragments éclatés, en rectangles, pliés ou montés sur châssis. La vivacité des couleurs laisse par moment place à des tons plus neutres, dans un rythme saccadé. Socialement engagé, Pierre Buraglio a participé à la Salle rouge pour le Viêtnam au Musée d’Art Moderne, ainsi qu’à l’atelier populaire des Beaux-Arts de Paris durant les événements de mai 1968. Il interrompt d’ailleurs sa carrière pour se consacrer entièrement au militantisme politique, puis revient à la création au cours des années 1970 dans un style plus radical : il recycle des objets obsolètes et des détritus, tels des contours de fenêtres ou des emballages de Gauloises, qui renouent avec le style frondeur et le regard sensible qui le caractérisent.